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La police anti-émeute a dispersé par la force une manifestation pro-européenne à Kiev, dans la nuit de vendredi à samedi. Les manifestants accusent le président ukrainien de "trahison" après son refus de signer l'accord d'association avec l'UE.

Dans la nuit de vendredi à samedi, la police anti-émeute ukrainienne a dispersé des centaines de manifestants pro-européens qui étaient toujours présents autour de la place de l’Indépendance, à Kiev, après dix jours de mobilisation. Une intervention à coups de matraque contre les pmanifestants qui campaient encore sur la place pour  protester contre la décision du président Viktor Ianoukovitch de ne pas signer l’accord d’association et de libre-échange, en négociation depuis des mois avec l’Union européenne (UE).

Des dizaines de personnes ont été blessées et des dizaines arrêtées, ont rapporté les médias. La police de Kiev a confirmé l'interpellation de 31 personnes, "pour hooliganisme et refus d'obtempérer". La plupart ont été relâchées par la suite, selon la même source.

Fin de l'occupation

"La manifestation a été dispersée de manière sauvage", a écrit le député Andreï Chevchenko sur Twitter. "L'Ukraine n'avait encore rien vu de tel", a-t-il ajouté. Dans une première réaction occidentale, l'ambassadeur des États-Unis en Ukraine a souligné samedi sur son compte Twitter qu'il "cherchait toujours à comprendre ce qui s'est passé", mais qu'il "condamnait évidemment toute violence contre des manifestants pacifiques".

Selon les médias, environ un millier de personnes se trouvaient sur la place au moment de l'intervention des forces de l'ordre. Les policiers ont tiré tout d’abord des grenades assourdissantes en direction de la foule puis sont intervenus violemment pour chasser les occupants des lieux, poursuivant certains manifestants dans les rues avoisinantes.

Samedi matin, l'occupation de la place avait pris fin. "La place est quadrillée par les forces spéciales de la police", rapporte Sébastien Gobert, correspondant de RFI à Kiev.

Le rêve européen "volé"

10 000 manifestants pro-européens s’étaient rassemblés vendredi sur la place de l’Indépendance en accusant le président Ianoukovitch d’avoir "détruit leur rêve" d’un rapprochement avec l’Union européenne. Neuf ans plus tôt, en 2004, cette même place de l’Indépendance avait connu de grandes manifestations de la "révolution orange" contre la fraude électorale.

Dans une mer de drapeaux bleus et jaunes, les couleurs à la fois de l’Ukraine et de l’UE, les protestataires avaient scandé "l’Ukraine c’est l’Europe". "Aujourd’hui, ils nous ont volé notre rêve, le rêve de vivre enfin dans un pays normal", avait lancé à la foule l’opposant Vitali Klitschko, qui veut se présenter à l’élection présidentielle de 2015. "Ne pas avoir signé l’accord d’association (avec l’UE) relève de la trahison", a-t-il ajouté.

Le sommet de Vilnius, en Lituanie, consacré au rapprochement entre l’Union et six anciennes Républiques soviétiques s’est achevé vendredi sans ce qui devait être sa grande réussite, la signature par Kiev d’un accord d’association avec l’UE. Le président Ianoukovitch a résolument bloqué les tentatives de compromis de dernière minute visant à relancer les négociations, que Kiev a gelées il y a une semaine.

Avec dépêches (Reuters et AFP)