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L'auteur présumé des tirs qui ont semé la panique à Paris le 18 novembre avait été condamné en janvier 2013 par la justice britannique au port du bracelet électronique pour "coups et blessures" contre sa compagne, révèle le quotidien "Libération".

Avant d’être mis en examen pour tentatives d’assassinat en France, Abdelhakim Dekhar avait eu maille à partir avec la justice britannique. L’auteur présumé de la série de tirs qui ont, entre autres, grièvement blessé un assistant-photographe dans les locaux de "Libération" le 18 novembre, avait été condamné en 2013 par un tribunal de la banlieue de Londres au port d'un bracelet électronique pour des violences conjugales, révèle le quotidien "Libération" dans son édition du 28 novembre.

Abdelhakim Dekhar était arrivé au Royaume-Uni en 1998 après avoir purgé une peine de prison en France pour avoir fourni le fusil à pompe utilisé lors de l'équipée sanglante de Florence Rey et Audry Maupin, qui avait fait cinq morts dont trois policiers en 1994 à Paris.

Bracelet électronique et travaux d’intérêt général

Le 17 janvier 2013, selon le journal, Abdelhakim Dekhar a été condamné pour "coups et blessures" par le tribunal de St Albans, situé à une trentaine de kilomètres au nord de Londres. Il a été condamné à porter un bracelet électronique, à effectuer des travaux d'intérêt général et à être soumis à un "couvre-feu" pendant six mois, soit jusqu'au 16 juillet 2013. La justice britannique lui a également interdit d'approcher son ex-compagne Valentina, une étudiante d'origine lettone, et les deux garçons qu'il a eus avec elle, nés en 2004 et 2006.

Abdelhakim Dekhar avait fait appel de sa condamnation mais n’avait pas obtenu gain de cause. Il avait donc été condamné à payer 400 livres (480 euros) de frais de justice. "Le rejet de son appel, le 16 octobre et, du coup, le caractère définitif de sa condamnation pour violences conjugales, peuvent expliquer sa décision de rester en France", écrit "Libération".

Selon l’enquête du quotidien, Abdelhakim Dekhar avait épousé en 2000 une jeune étudiante turque, Gamze Aras. Le couple a vécu à Ilford, au nord-est de la capitale britannique. C'est dans cette banlieue qu'il a rencontré, en 2000, le jeune Français S., "cadre dans la finance", qui l'hébergera à côté de Paris, avant de le dénoncer le 20 novembre.

Texte de revendication

Mis en examen le 22 novembre pour tentatives d'assassinats, enlèvement et séquestration, le tireur présumé est également soupçonné de menaces de mort contre le rédacteur en chef de BFM-TV, le 15 novembre, avec un fusil à pompe à crosse et canon scié.

Le 18 novembre, après avoir tiré sur le jeune photographe de "Libération" puis tiré des coups de feu devant une banque à La Défense et pris en otage un automobiliste, l'homme aurait dormi à l'hôtel Rivoli, rue des Mauvais garçons, dans le IVe arrondissement de Paris, où il a laissé une valise contenant sa carte d'identité, ses "dernières volontés" en anglais et un texte de revendication contre les médias - qualifiés d’"infâmes journaputes" -, les banques et le système capitaliste.

Selon "Le Parisien-Aujourd'hui en France", Abdelhakim Dekhar exprimait dans un des courriers retrouvés "sa vision d'un complot ourdi par le grand capital et diffusé par les médias pour le retour du fascisme". Un exemplaire de "L'Homme révolté" publié en 1951 par Albert Camus se trouvait également dans la valise, assure le même journal. Dans cet essai, le Nobel de littérature développe les thèmes du meurtre et de la révolte. "On ne peut pas se priver de s'interroger sur un lien éventuel entre ces écrits et les actes reprochés à Dekhar", souligne une source proche de l'enquête, citée par "Le Parisien".

Avec AFP