Après les attaques à caractère raciste dont Christiane Taubira a fait l'objet ces dernières semaines, des personnalités de gauche, dont le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, étaient réunies mercredi à Paris pour lutter "contre les extrémismes".
Les sympathisants socialistes ont réservé à Christiane Taubira un accueil triomphal, mercredi 27 novembre à La Mutualité à Paris, lors du meeting organisé par le Parti socialiste pour "défendre la République contre les extrémismes". Une façon de montrer le réveil de la gauche face aux diverses attaques racistes dont la ministre de Justice a fait l'objet ces dernières semaines.
La soirée était placée sous le signe de la cohésion et du soutien envers la garde des Sceaux. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a tenu à faire taire les dissensions apparentes avec Christiane Taubira concernant le projet de réforme pénale, en se livrant à une petite déclaration. "Moi, parmi vous, je suis celui qui connais le mieux (...) Christiane Taubira. Progressivement, malgré les analyses, les avis (...), nous formons, je le dis, un beau couple" dédié à "l'état de droit", a-t-il lancé devant la centaine de militants socialistes.
"La gauche est capable d'indignation"
"Au fond, ceux qui ont voulu s'en prendre à elle ont d'une certaine manière rendu un grand service. Ils ont fait la démonstration que la gauche pouvait enfin se réveiller, que la gauche était capable d'indignation", a affirmé Manuel Valls.
"C'est autour de toi que le réveil s'opère", a renchéri le ministre de l'Éducation, Vincent Peillon. "Le moment est venu du rassemblement, du combat, de la fierté d'être de gauche", a-t-il ajouté.
Très appréciée des militants socialistes, Christiane Taubira a fustigé les "racistes, antisémites et xénophobes", préférant toutefois livrer un plaidoyer passionné en faveur de la République. "Ils commencent par vilipender les apparences, ils commencent ainsi par la différence qu'ils voient et ils finissent par celle qu'ils imaginent. Et ils mettent tout le monde et chacun en danger", a lancé cependant la ministre à l'adresse de ceux qui l'ont attaquée.
D'origine guyanaise, Christiane Taubira a été victime récemment de dérapages à caractère raciste, qui ont suscité une vaste vague d'indignation dans la classe politique. Elle avait déjà essuyé de vives critiques au moment du vote de la loi sur le mariage homosexuel.
"Le masque de cire du FN est en train de fondre"
Le Premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a rendu hommage à la "France fraternelle et métissée". "Nous assistons à une véritable offensive réactionnaire et anti-républicaine de la part d'un bloc droitier, d'un tea party à la française, dont un des terreaux a été la Manif pour tous et qui se construit contre l'égalité des droits, contre les étrangers, contre l'impôt citoyen, contre toutes les valeurs des Lumières et de la République", a souligné le responsable socialiste.
"Le masque de cire de Marine Le Pen est en train de fondre et l'on retrouve le vrai visage du FN, celui de son père ! Alors, qu'on ne vienne pas nous dire que le FN a changé", a poursuivi Harlem Désir.
"Un nouvel humanisme cosmopolite"
Plusieurs représentants des formations de la majorité ont pris la parole tour à tour, comme le président du Parti des radicaux de gauche (PRG), Jean-Michel-Baylet et le président du Mouvement unitaire progressiste (MUP), Robert Hue. Le sénateur d'Europe Ecologie Les Verts Jean-Vincent Placé est également intervenu, prônant un "nouvel humanisme cosmopolite".
Le PS avait organisé ainsi début octobre un meeting similaire pour dénoncer le FN. Depuis août, les socialistes battent le rappel sur la nécessité de lutter contre le parti de Marine Le Pen, aussi bien sur le plan des valeurs que sur le plan programmatique, alors qu'approchent les échéances électorales de 2014. Le parti prépare également un argumentaire destiné à ses militants pour répondre à ceux qui sont tentés de voter pour le FN aux municipales et aux européennes.
(Avec dépêches AFP et Reuters)