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Toujours fortement mobilisée à Bangkok, l’opposition thaïlandaise a défilé dans plusieurs autres villes du pays pour réclamer le départ du Premier ministre Yingluck Shinawatra. Un mouvement sans précédent depuis la crise politique meurtrière de 2010.

Les "chemises jaunes" qui réclament par milliers la chute du gouvernement thaïlandais ont étendu, mercredi 27 octobre, leur mouvement à d'autres villes du pays, rejoignant un mouvement sans précédent depuis la crise politique meurtrière de 2010. Des manifestations de plusieurs centaines de personnes ont eu lieu dans des villes du sud de la Thaïlande, bastion du Parti démocrate, principale formation de l'opposition, notamment sur l'île de Phuket, prisée des touristes.

Après avoir occupé le ministère des Affaires étrangères et celui de l'Intérieur, les "chemises jaunes" restent mobilisés, ce mercredi, au ministère des Finances à Bangkok. Des milliers de manifestants se sont dirigés vers un complexe qui abrite plusieurs agences gouvernementales, dans un faubourg éloigné de la ville. Ils ont assuré que leur victoire était une question de "jours".

Ces rassemblements visent à obtenir le départ du Premier ministre, Yingluck Shinawatra, faisant craindre des débordements dans une capitale habituée aux violences politiques ces dernières années.

Un projet d'amnistie qui ne passe pas

La raison de ce soulèvement tient à la présentation, en octobre dernier, d'un projet d'amnistie dont aurait pu bénéficier Thaksin Shinawatra, frère de l'actuelle chef du gouvernement et lui-même ancien Premier ministre, en exil à Dubaï en raison d'une condamnation en 2008 pour corruption. Face à la fronde, le projet d’amnistie a été suspendu mais la mobilisation s’est transformée en un mouvement de contestation généralisé.

Pendant ce temps, le débat se poursuivait au Parlement autour d'une motion de censure déposée par l'opposition contre le gouvernement. Mais le texte a peu de chance de passer car Yingluck Shinawatra dispose de la majorité. Cette dernière s'est toutefois dit prête à discuter avec Suthep Thaugsuban, figure du Parti démocrate, et a réaffirmé que l'État n'aurait "pas recours à la violence". "Il n'y a qu'une démocratie et un gouvernement élu, pas de régime Thaksin", a-t-elle dit, rejetant les accusations de ses opposants selon lesquelles elle serait la marionnette de son frère.

Un ultimatum fixé au 5 décembre

Mardi, Suthep Thaugsuban a posé un ultimatum à l'actuel gouvernement. “Il donne au Premier ministre jusqu’au 5 décembre - date hautement symbolique de l’anniversaire du roi - pour démissionner et dissoudre l’Assemblée”, explique Cyril Payen, le correspondant de FRANCE 24 à Bangkok.

Cet ancien vice-Premier ministre du précédent gouvernement dirigé par le Parti démocrate a appelé, mardi, les policiers et les militaires à se joindre au mouvement. "Nous espérons que cette fois ce sera un mouvement populaire pour prendre en charge de façon temporaire la gouvernance du pays. Si la police ou l'armée nous rejoignent, elle seront les bienvenues, mais elles devront écouter le peuple", a-t-il dit.

Les partisans de l’opposition seraient entre 150 000 et 180 000, d’après les chiffres fournis par les autorités, bien plus selon les organisateurs.

Avec dépêches AFP et REUTERS