Le géant bancaire britannique RBS est accusé d'avoir poussé des entreprises viables à la faillite afin de récupérer à bon prix leurs actifs. Le gouvernement britannique a transmis le dossier au régulateur financier.
Encore une banque britannique rattrappée par un scandale. Cette fois-ci, c'est la Royal Bank of Scotland (RBS), détenue majoritairement par l'État britannique, qui est mise en cause. Un rapport virulent, remis lundi 25 novembre au gouvernement, affirme que l'institution financière a "systématiquement" abusé ses clients professionnels et poussé des entreprises à la faillite dans le seul but de racheter à bon prix les actifs de ces sociétés.
"Je me suis senti nauséeux [en constatant les méthodes de RBS]", a souligné l'auteur du rapport, Lawrence Tomlinson, un multimillionnaire britannique qui est conseiller au ministre du Commerce. Il affirme que la banque a "systématiquement" poussé des petites et moyennes entreprises, pourtant économiquement viables, dans les bras de sa filiale conçue pour les sociétés en difficulté, qui les achevaient.
RBS aurait, d'après ces accusations, volontairement refusé d'accorder des crédits à des structures qui auparavant n'avaient aucun problème pour emprunter de l'argent. À partir de là, ces sociétés étaient remises aux bons soins de la filiale Global Restructuring Group chargée, en théorie, de les aider à se redresser et spécialisée dans les prêts risqués. Mais au lieu de ça, ce service de RBS, affirme Lawrence Tomlinson, imposait des amendes et frais de dossier exorbitants qui finissaient par pousser ces PME à la faillite. RBS pouvait alors racheter à un prix aventageux les actifs qui l'intéressaient.
"Des personnes devraient aller en prison"
Lawrence Tomlinson ne dit pas combien d'entreprises sont concernées et ne cite pas leurs noms dans son rapport. Mais il a assuré à la chaîne Channel 4 qu'il y a "de fortes présomptions qu'une fraude massive et systématique était organisée [au sein de RBS] et que, dans ce cas-là, des personnes devraient aller en prison".
"C'est un rapport choquant", a réagi Georges Osborne, le ministre britannique de l'Économie, qui a précisé que le document avait été transféré à l'Autorité de conduite financière (FCA) et à l'Autorité de régulation prudentielle (PRA). A ces gendarmes financiers de creuser plus avant dans les petites affaires du Global Restructuring Group qui a généré, depuis 2008, un bénéfice pour la banque de 20 millions de livres sterling (24 millions d'euros).
RBS, de son côté, a défendu le bilan de sa filiale d'aide aux entreprises en difficulté. La banque a rappelé que "la plupart" des PME qui faisaient recours à elle réussissaient à se remettre sur pied. Celles "qui font face à des problèmes financiers graves" ne peuvent pas être sauvées, a simplement reconnu RBS.
Ce nouveau scandale qui affecte la banque est d'autant plus dévastateur pour son image que RBS a été sauvée par l'argent public en 2008 et est maintenue à flots grâce au soutien financier de l'État. "C'est choquant d'imaginer que l'argent du contribuable a pu servir à mettre en place un système qui détruit des entreprises", a souligné Matthew Sinclair, responsable de l'Alliance des contribuables, au tabloïd "Daily Mail".