Israël a vivement dénoncé dimanche matin "le mauvais accord" conclu dans la nuit entre le G5+1 et Téhéran à propos du nucléaire iranien. Selon le Premier ministre Benjamin Netanyahou, il s'agit d'une "erreur historique".
Alors qu’un compromis a été trouvé dans la nuit de samedi à dimanche 24 novembre sur le nucléaire iranien, Israël a jugé que les grandes puissances avaient conclu à Genève avec Téhéran un "mauvais accord". De son côté, Naftali Bennett, ministre de l'Économie, a prévenu qu'"Israël ne se considère pas lié par ce mauvais, ce très mauvais accord qui a été signé".
itLe Premier ministre, Benjamin Netanyahou, s'est lui-même exprimé plus tard dans la matinée, affirmant que l'accord de Genève n'était pas "un accord historique mais une erreur historique". Selon lui, "le monde est devenu un endroit beaucoup plus dangereux, parce que le régime le plus dangereux du monde a franchi une étape importante vers l'obtention de l'arme la plus dangereuse au monde".
"L'Iran menace Israël et Israël a le droit de se défendre", a en outre répliqué Naftali Bennett, également dirigeant du Foyer juif, un parti d'extrême droite, proche du lobby des colons. "L'accord laisse intacte la machine nucléaire iranienne, et pourrait permettre à l'Iran de produire une bombe dans une période de six à sept semaines. Israël est prêt à toute éventualité", a déclaré le ministre israélien à la radio militaire. "Nous n'avons pas remporté cette bataille, mais il y a encore un long processus devant nous pour défendre la sécurité de l'État d'Israël", a-t-il ajouté.
it"Ce que l'Iran voulait"
Un communiqué du bureau du Premier ministre publié quelques heures après l’annonce confirme que l’accord "offre ce que l'Iran voulait : la levée partielle des sanctions et le maintien d'une partie essentielle de son programme nucléaire". Le chef du gouvernement hébreu estime que cet "accord permet à l'Iran de continuer à enrichir l'uranium, laisse en place les centrifugeuses et lui permet de produire des matières fossiles pour une arme nucléaire."
"L'accord n'a pas non plus abouti au démantèlement de la centrale d'Arak", un réacteur à eau lourde situé dans le nord de l'Iran, poursuit le communiqué. "La pression économique à laquelle est soumis l'Iran aurait pu amener à un bien meilleur accord qui aurait débouché sur un démantèlement des capacités nucléaires iraniennes", souligne le bureau du Premier ministre.
Sentiment de défaite
Israël accuse l'Iran de chercher à se doter d'une arme atomique, qu'il considère comme une menace contre sa propre existence. Même si les dirigeants israéliens s'attendaient à un arrangement à Genève, le chef de la diplomatie Avigdor Lieberman a résumé le sentiment de défaite en Israël : l'accord de Genève constitue "la plus grande victoire diplomatique de l'Iran. [...] Cet accord est la plus grande victoire diplomatique de l'Iran, qui a obtenu la reconnaissance de son supposé droit légitime à enrichir de l'uranium", a-t-il déclaré dimanche à la radio publique.
Interrogé sur une éventuelle frappe israélienne contre l'Iran, Avigdor Lieberman, chef du parti ultra-nationaliste Israël Beitenou, s'est borné à réaffirmer que "toutes les options sont sur la table". "La responsabilité de la sécurité du peuple juif et de la population israélienne relève de la seule responsabilité du gouvernement israélien. Toute décision à ce sujet sera prise de façon indépendante et responsable", a expliqué le ministre des Affaires étrangères.
Les États-Unis tentent de rassurer Israël
Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a de son côté tenté de rassurer Israël. "Cet accord complet rendra le monde plus sûr [...], et Israël plus sûr", a-t-il assuré à Genève. "Il n'y a pas la moindre différence entre l'objectif final des États-Unis et d'Israël, qui est : l'Iran n'aura pas de bombe nucléaire", a-t-il encore assuré. "Notre espoir est que l'accord sur le nucléaire puisse conduire à une nouvelle relation de l'Iran avec l'Occident et avec ses voisins", a déclaré John Kerry. "Je suis confiant, tout comme l'est le président Obama, que nous avons fait le bon choix", a-t-il ajouté.
Barack Obama, depuis la Maison Blanche, a promis lui aussi que "la résolution des États-Unis restera forte, tout comme nos engagements envers nos amis et nos alliés, en particulier Israël et nos partenaires du Golfe, qui ont de bonnes raisons d'être sceptiques vis-à-vis des intentions de l'Iran". Le président américain compte s'entretenir avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou dans la journée de dimanche.
Avec dépêches (AFP et REUTERS)