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Merkel se résout à généraliser le salaire minimum

La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé mercredi qu'elle comptait instituer un salaire minimum généralisé en Allemagne. Une première concession faite aux sociaux-démocrate du SPD afin de pouvoir finaliser un gouvernement de coalition.

Pas de grande coalition sans salaire minimum généralisé en Allemagne. La chancelière Angela Merkel a reconnu, mercredi 21 novembre, que le pays allait devoir en passer par là afin de réussir à former un gouvernement d'alliance entre son parti, la CDU (chrétiens-démocrates de centre droit) et le SPD (sociaux-démocrates).

"Une appréciation réaliste de la situation montre que les sociaux-démocrates ne vont pas conclure les négociations sans [un salaire minimum]", a reconnu la chancelière lors d'un discours prononcé à Berlin.

Moscovici salue un "signal d'une approche plus coopérative"

Le ministre de l'Économie Pierre Moscovici a salué l'introduction d'un salaire minimum généralisé en Allemagne. "C'est un signal [...] d'une approche peut-être plus coopérative des politiques économiques en Europe", a-t-il dit en marge d'un colloque financier à Paris.

Rappelant la nécessité d'un "rééquilibrage" en zone euro, il a jugé que cela passait par "des réformes structurelles" pour les pays confrontés à des déficits courants, comme la France, et que "cela doit aussi être marqué par une demande intérieure plus forte pour les pays qui ont des excédents forts", comme l'Allemagne.

Pour le SPD – qui n'a pas encore réagi à cette annonce – c'est une première victoire dans les négociations tendues, qui ont débuté peu après les élections législatives du 22 septembre pour former un gouvernement commun. À l'issue du scrutin, la CDU d'Angela Merkel était, certes arrivée largement en tête, mais devant l'effondrement dans les urnes des liberaux du FDP, elle avait dû se résoudre à chercher un terrain d'entente avec les sociaux-démocrates pour dégager une majorité de gouvernement.

Toutefois Angela Merkel ne se résoud à introduire un salaire minimum généralisé qu'à reculons. "Nous allons décider des choses que, au vu de mon programme, je ne considère pas comme justes", a-t-elle précisé. Elle est d'ailleurs restée muette sur le montant de ce salaire minimum, comme sur une éventuelle date d'entrée en vigueur.

1,8 million d'emplois en danger ?

La question d'un revenu minimum est l'un des thèmes économiques les plus controversés en Allemagne. Pour un pays où la flexibilité du travail, notamment sur la question des salaires, apparaît pour certains comme l'une des clefs de voute du "miracle" économique, instaurer un "smic" à l'Allemande est une mini-révolution.

Jusqu'à présent, les rémunérations sont négociées branches par branches, et des salaires minimums existent déjà dans certains secteurs – comme le bâtiment ou l'assurance. Mais il n'y a pas encore pas de législation qui l'impose à tous les employeurs. Du coup, la grogne des patrons s'est faite de plus en plus virulente à mesure que la perspective d'un accord entre la CDU et le SPD sur ce point se précisait. Le patronat a ainsi estimé, ces derniers jours, que l'instauration d'un salaire minimum mettrait en danger environ 1,8 million d'emplois dans le pays.

Si Angela Merkel a décider de céder sur ce point, c'est aussi pour mieux rester inflexible à l'égard d'autres revendications du SPD. Elle a, ainsi, réaffirmé son intention de refuser toute hausse d'impôt pour les plus nantis. Elle ne veut pas non plus transiger sur un changement de priorité économique du pays et tient à garder le cap du désendettement. Reste à savoir, maintenant, si l'assurance d'un salaire minimum pour tous en Allemagne va suffir au SPD et quelles seront les modalités d'application de cette mesure.