L'Iran et les grandes puissances se retrouveront mercredi à Genève pour tenter de sceller un accord, qui a rarement paru si proche, sur le programme nucléaire controversé de la République islamique.
Alors que Genève s’apprête à accueillir, mercredi 20 novembre, la troisième réunion en un peu plus d'un mois sur le programme nucléaire controversé de l'Iran, les espoirs de sceller un premier accord entre les grandes puissances du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et Téhéran semblent contrastés.
Du côté russe, l’optimisme reste toutefois de mise. Lundi, le président Vladimir Poutine a évoqué "une chance réelle" de régler la question du nucléaire en Iran, "ce vieux problème", après un entretien téléphonique avec Hassan Rohani. Outre Vladimir Poutine, des responsables américains, européens et russes ont affirmé qu'un accord dit "intérimaire" était cette fois à portée de main.
En cas d'accord "intérimaire" cette semaine, l'Iran cesserait d'enrichir son uranium au taux dit "intermédiaire" de 20 %, réduirait son stock d'uranium, et interromprait les travaux de construction d'Arak. Téhéran obtiendrait en échange un début d'allègement des sanctions internationales. Pendant cette première phase de quelques mois, un accord définitif serait négocié : le programme iranien serait réduit de façon permanente, et les sanctions annulées.
Hollande et Kerry tempèrent l’optimisme russe
Toutefois, ces espoirs ont été tempérés par le président français François Hollande, qui a formulé des "exigences" et réclamé un maintien des sanctions contre Téhéran, "tant que nous n'aurons pas la certitude du renoncement définitif de l'Iran à son programme militaire". Dans son discours devant le Parlement israélien, lundi, François Hollande a indiqué que "la France ne laissera pas l'Iran se doter de l'arme nucléaire". La semaine dernière, déjà à Genève, l'espoir d'un accord s'était évaporé après notamment des objections de Paris.
Dimanche, le président français avait énoncé quatre demandes précises : "Première exigence : mettre l'intégralité des installations nucléaires iraniennes sous contrôle international, dès à présent. Deuxième point : suspendre l'enrichissement (d'uranium) à 20 %. Troisième exigence : réduire le stock existant. Et enfin, arrêter la construction de la centrale d'Arak", conçue pour produire du plutonium, susceptible de remplacer l'uranium hautement enrichi pour fabriquer une bombe.
De son côté, le chef de la diplomatie américaine John Kerry s'est également montré prudent. "Je n'ai pas d'attentes particulières concernant les négociations de Genève, à part le fait que nous négocierons de bonne foi, et que nous tenterons d'obtenir ce premier accord", a-t-il déclaré, lundi, à la presse.
Demandes excessives
Hassan Rohani a implicitement répliqué à François Hollande, lundi 18 novembre, après son entretien avec Vladimir Poutine. "Au cours des récentes négociations" à Genève, a déclaré le président iranien, "des progrès ont été réalisés, mais tout le monde doit avoir à l'esprit que les demandes excessives peuvent compliquer le processus vers un accord gagnant-gagnant." Et d’ajouter : "de notre point de vue, des conditions, qui fragilisent la volonté de parvenir à un accord et d'aboutir à une conclusion satisfaisante, ne doivent pas être créées".
Le président de la République islamique, qui a multiplié les gestes d'ouverture à l'intention des Occidentaux, et dont la prise de fonctions en août a redonné de l'élan aux discussions, risque de perdre le soutien du chef suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, si son offensive de charme diplomatique vers l'Occident ne porte pas rapidement ses fruits.
Malgré son manque d'optimisme sur l'issue des discussions et son aversion pour les États-Unis, le Guide a récemment marqué son soutien aux négociateurs iraniens. Cet appui a aussi permis à Hassan Rohani de faire taire les membres de l'aile dure du régime, hostile à toute concession aux Occidentaux.
Avec dépêches (AFP et REUTERS)