Après une victoire 3-2 du Burkina Faso contre l'Algérie en match aller des barrages qualificatifs du Mondial-2014, le suspens reste entier pour la rencontre retour, mardi, à Blida en Algérie. Chez les supporters des deux pays, la fièvre monte.
À quelques heures du barrage retour qualificatif pour le Mondial-2014 contre le Burkina Faso, mardi 19 novembre à 18h15 GMT, le match est dans tous les esprits et dans toutes les discussions en Algérie. Les 30 000 places du stade Mustapha Tchaker de Blida ont trouvé preneur en quelques minutes. La vente des billets a même tourné à l’émeute. Alors que des milliers de supporters des Fennecs étaient venus, samedi 16 novembre, pour tenter d’obtenir le précieux sésame, des bagarres ont éclaté dans la file d’attente et plus d’une cinquantaine de personnes ont été blessées.
Une quatrième qualification pour l’Algérie ?
La tension autour de cette rencontre cruciale est aussi palpable dans la presse. Après une courte défaite 3-2 au match aller au Burkina Faso, les journaux algériens ont une confiance absolue dans leurs joueurs. "L’Algérie du football est à 90 minutes, voire un peu plus en cas de prolongation, de vivre un événement exceptionnel, qu’elle n’a connu qu’à trois reprises depuis l’indépendance (1982, 1986 et 2010)", peut-on ainsi lire sur DZ Foot.com. Comme le rappelle ce site spécialisé dans le football algérien, l’équation est simple. Si les Verts veulent obtenir leur billet pour traverser l’Atlantique, " il faudra inverser la tendance en gagnant le match par deux buts d'écart ou sur l'un des deux scores suivants : 1-0 ou 2-1".
Les Algériens ont surtout soif de revanche. Très remontés après un penalty litigieux, sifflé à quatre minutes de la fin du temps réglementaire en faveur du Burkina Faso lors du match aller, les fans des Fennecs veulent effacer cet affront. "Il est bien difficile, pour ne pas dire impossible de dénicher un supporter pessimiste, doutant d’une qualification algérienne pour la 'Fifa World Cup' en terre brésilienne", note ainsi le Temps d’Algérie. Le journal "L'Expression" constate de son côté que ce match "historique" a surtout une portée "patriotique". Alors que le pays est englué dans des problèmes politiques, les Algériens veulent redorer leur image grâce aux exploits de leurs footballeurs. Interrogé par ce quotidien, un habitant de Constantine estime ainsi que "l’équipe nationale de football représente une cause juste", et que "l’attachement spontané et sincère des Algériens à cette cause devrait servir de leçon à tous ces politiciens noyés dans leur médiocrité partisane".
D’un point de vue sportif, "El-Watan" se penche sur la responsabilité qui pèse sur les épaules de l’entraîneur Vahid Halilhodzic. Après une Coupe d’Afrique des Nations très décevante, le technicien bosnien "risque de jouer sa 'der' à la tête de la barre technique des Verts […] où une élimination signifiera automatiquement une fin de mission, lui qui a été engagé pour qualifier l’Algérie au Mondial".
Une première historique pour le Burkina Faso?
La pression est toute aussi forte dans l’autre camp. Au Burkina Faso, toute la population rêve de cette première qualification dans l’histoire du pays. Alors que les Étalons ont réussi à se hisser en finale de la CAN il y a quelques mois, leurs supporters croient en un nouvel exploit. Dans un message adressé aux joueurs et repris par le site de "l’Observateur", le ministre des sports burkinabé, Yacouba Ouédraogo, a tenu à leur rappeler qu’il s’agissait d’une cause nationale : "vous allez jouer le match de votre vie, de votre vie professionnelle. Ce match doit vous faire rentrer dans l'histoire du football mondial, dans l'histoire du football burkinabè. Au match aller, je vous avais dit que vous aviez votre carte pour aller au Brésil. Cette fois-ci, vous avez un pied au Brésil, et c'est à vous que revient le mérite de rendre fière toute une nation".
Portée par cet engouement, la sélection nationale aborde cette rencontre comme un véritable combat. "En Algérie, ce sera comme à la guerre parce que nos adversaires vont nous mettre une très forte pression", a ainsi confié l’entraîneur Paul Put au journal "Le Pays". Celui que l’on surnomme le Général Bako, le lyonnais Bakary Koné fait aussi preuve d’un moral de guerrier.
Dans une interview accordée au Faso.net, il assure que la victoire est à la portée du Burkina Faso : "je suis motivé à plus de 500 %. […] Si on est vraiment concentrés et qu’on fait ce qu’il y a à faire, il n’y aura pas de raison que la chance ne soit pas de notre côté. On a notre destin entre nos mains."
Alors que la tension monte dans les deux camps à l’approche de ce match, les autorités algériennes ont prévu un important dispositif de sécurité. Quelque 5 000 policiers seront ainsi mobilisés mardi à l’intérieur et à l’extérieur du stade de Blida. Une trentaine de caméras ont également été installées pour l’occasion aux abords de l’enceinte sportive.