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Décès de Doris Lessing, romancière anticonformiste et prix Nobel de littérature

Icône des anticolonialistes et des féministes, Doris Lessing est décédée dimanche à l'âge de 94 ans. La romancière britannique laisse derrière elle un œuvre foisonnante qui lui avait valu, en 2007, le prix Nobel de littérature.

La romancière britannique Doris Lessing est décédée dimanche 17 novembre à l’âge de 94 ans. Son œuvre riche d'une cinquantaine de titres lui avait valu l’attribution, en 2007, du prix Nobel de littérature et fait d'elle l'icône des marxistes, anticolonialistes, anti-apartheid et féministes.

Née le 22 octobre 1919 à Kermanshah en Perse, l'actuel Iran, Doris Lessing est élevée en Rhodésie (Zimbabwe), où son père s'installe dans une grande ferme isolée quand elle a 5 ans. Pensionnaire d'une institution religieuse qu'elle supporte mal, elle quitte définitivement l'école à 14 ans, pour travailler comme jeune fille au pair puis standardiste. Une expérience qui alimentera les trois volumes de son recueil "Nouvelles africaines" (1964), portrait impitoyable des colonies blanches en Afrique australe.

Après deux divorces, elle quitte l'Afrique et s'installe seule à Londres en 1949 avec son jeune fils, laissant derrière elle en Afrique sa fille et son fils aîné, nés de son premier mariage. Dans la capitale britannique, elle trouve un emploi de secrétaire qu'elle abandonne après le succès de ses deux premiers livres "Vaincue par la brousse" (1950) et "Martha Ouest" (1952). Ce livre est le premier des cinq volumes de sa fresque "Les Enfants de la violence", roman largement autobiographique.

Les féministes "n'ont rien compris"

Mais c'est en 1962 que l’écrivain acquiert une célébrité internationale avec "Le Carnet d'or", roman-fleuve devenu un livre-phare du féminisme. Ce qui n’empêchera pas son auteur de déclarer, dans les années 2000, que les féministes "n'ont rien compris".

Doris Lessing publia ensuite un cycle de science-fiction commencé avec "Shikasta" (1981), des romans plus psychologiques comme "L'Été avant la nuit" ou très proches de l'actualité tels "La Terroriste" (1986) et "Le Vent emporte nos paroles" (1987), un témoignage sur la guerre en Afghanistan. En 1994, elle publie le premier tome de son autobiographie, "Dans ma peau" avant un deuxième en 1997 "La marche dans l'ombre".

Communiste jusqu'en 1956 et connue pour son engagement anti-apartheid, elle s'en prend au début des années 2000 au régime dictatorial du président Robert Mugabe et est déclarée indésirable au Zimbabwe.

En 2007, l'académie suédoise lui décerne son prix Nobel de littérature, le 11e attribué à une femme. Le comité avait alors qualifié la lauréate de "conteuse épique de l'expérience féminine qui, avec scepticisme, ardeur et une force visionnaire, scrute une civilisation divisée". En mai 2008, Doris Lessing avait confié dans une interview à BBC Radio 4 avoir cessé d'écrire.

Avec dépêches