Lancée à l’initiative du chanteur Antoine, une pétition de personnalités du monde de la culture s’opposant au projet de loi sur la prostitution a été rendue publique. Parmi les signataires figurent Catherine Deneuve, Charles Aznavour et Jack Lang.
Des chanteurs, des actrices, des navigateurs et un ancien ministre... Plusieurs dizaines de personnalités du monde de la culture et du sport figurent parmi les signataires d’une pétition rendue publique samedi 16 novembre contre le projet de loi socialiste visant à renforcer la lutte contre la prostitution.
"Sans cautionner ni promouvoir la prostitution, nous refusons la pénalisation des gens qui se prostituent et de ceux qui ont recours à leurs services, et nous demandons l'ouverture d'un vrai débat sans a priori idéologique", indique la pétition lancée à l’initiative du chanteur Antoine, qui a pu récolter les paraphes des comédiennes Catherine Deneuve et Mireille Darc, des chanteurs Charles Aznavour, Thomas Dutronc, Jacques Higelin, Alain Souchon, des navigatrices Florence Arthaud, Maud Fontenoy ainsi que de l’ancien ministre socialiste Jack Lang.
"Encore plus loin dans la clandestinité"
Cette proposition de loi, portée par les députées socialistes Maud Olivier et Catherine Coutelle, doit être examinée à l'Assemblée nationale le 27 novembre, deux jours après la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Le texte prévoit de sanctionner le recours à une prostituée d'une amende de 1 500 euros, doublée en cas de récidive. Engagement de campagne de François Hollande, cette loi doit, selon ses instigateurs, améliorer les mesures de protection et de réinsertion en faveur des personnes prostituées en abrogeant le délit de racolage public et en leur facilitant l'accès à un titre de séjour, à un soutien financier et à un logement.
"Une loi encore plus pénalisante ne fera qu'envoyer les personnes qui font ce métier plus loin encore dans la clandestinité", a déclaré Antoine, cité par l’hebdomadaire "Le Point". Avant de préciser : mais "nous sommes tous d'accord pour que le gouvernement lutte contre tout ce qui est prostitution contrainte".
Après les "343 salauds"
Fin octobre, 343 personnalités masculines s’étaient déjà publiquement opposées à la pénalisation du recours à la prostitution. Maladroitement intitulé "Manifeste des 343 salauds", en référence au manifeste publié en 1971 par 343 femmes ayant avorté et réclamant le droit à l'interruption volontaire de grossesse, leur texte, publié dans le magazine "Causeur", avait suscité l'indignation des associations féministes et de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem.
À l’initiative de la démarche, l’écrivain et éditeur Frédéric Beigbeder avait obtenu les signatures de l’éditorialiste Ivan Rioufol, du polémiste Éric Zemmour, de l’humoriste Basile de Koch, mari de Frigide Barjot, la fer de lance des "anti-mariage pour tous", ainsi que du chroniqueur et comédien Nicolas Bedos, qui, depuis, a pris ses distances avec le manifeste.
Dans les pas de l'Islande, la Norvège et la Suède
En France où, selon un rapport rédigé par Maud Olivier, environ 20 000 personnes se prostituent, dont 85 % de femmes, la pénalisation des clients ne fait pas l'unanimité. Certaines organisations de prostituées qui défendent la liberté de disposer de son corps et des associations, comme Act up ou Médecins du monde, jugent, à l’instar du chanteur Antoine, que la pénalisation aggraverait la situation des prostituées de rue.
Selon un sondage TNS Sofres, publié fin octobre, seuls 22 % des Français sont favorables à l'instauration d'une amende. Plusieurs pays pénalisent le recours à la prostitution comme l'Islande, la Norvège et la Suède. D'autres, comme la Grande-Bretagne ou la Finlande, pénalisent les clients de prostituées victimes d'exploitation.
Avec dépêches