Deux jours après les affrontements entre Tripolitains et miliciens qui ont fait plus de 40 morts dans la capitale libyenne, une grève de trois jours a été décrétée par les autorités locales. La tension reste vive dans les rues de Tripoli.
Un calme précaire est revenu dans les rues de Tripoli, la capitale libyenne. Les autorités locales ont appelé les Tripolitains à observer une grève générale de trois jours, après des affrontements meurtriers entre miliciens ayant fait plus de 43 morts et 450 blessés vendredi 15 novembre.
"Une grève générale de trois jours a été décidée dans tous les secteurs publics et privés [...] à partir de dimanche", a annoncé le Conseil local de Tripoli dans un communiqué publié tard dans la soirée de samedi. Cette grève générale se déroulera "en signe de deuil" et de solidarité avec les familles des victimes de vendredi, selon le communiqué.
Le gouvernement a appelé à un cessez-le-feu entre les milices, qu'il peine à contrôler, faute de police et d'armée professionnelles. Le Premier ministre Ali Zeidan a ainsi déclaré que "la situation se compliquera davantage si d'autres groupes armés entrent dans la capitale." La mission de l'ONU en Libye a de son côté condamné fermement les violences meurtrières, réclamant dans un communiqué à la "cessation immédiate" des hostilités. Les États-Unis se sont dits pour leur part "profondément inquiets" par ces affrontements et ont appelé "toutes les parties à la retenue".
Tortures, enlèvements, détentions arbitraires...
Les Tripolitains protestent régulièrement contre la présence des milices armées - notamment celles venant d'autres régions -, qui avaient participé aux combats à Tripoli jusqu'à la chute du régime de Mouammar Kadhafi en août 2011, mais qui étaient restées dans la capitale. Ces groupes d'ex-rebelles sont accusés de s'adonner à toutes sortes de trafics et de pratiquer tortures, enlèvements et détentions arbitraires au secret.
Samedi après-midi, des miliciens venus de Misrata (environ 200 km à l'est de Tripoli), à bord de véhicules équipés de mitrailleuses ou de canons, ont tenté d'avancer vers la capitale. Selon des témoins, des affrontements ont eu lieu à Tajoura, banlieue est de la capitale, entre ces miliciens et d'autres milices rivales. Les hommes de Misrata ont reculé par la suite de quelques kilomètres.
Craintes d'une guerre civile
Des centaines de personnes se sont rassemblées dans la journée sur la place des Martyrs, au coeur de Tripoli, pour les funérailles des victimes de la veille. Des dizaines de jeunes ont scandé des slogans contre les milices et appelé à la reconstruction de l'armée. "Même les brigades de Kadhafi (l'ancien dirigeant libyen) n'avaient pas tiré sur des manifestants avec cette sauvagerie", s'est indigné Hamouda, la quarantaine.
Les affrontements de vendredi et samedi font craindre une guerre civile dans un pays où de nombreuses milices se sont constituées sur une base régionale, comme celle de Misrata, ou sur des bases idéologiques, comme c'est le cas pour les salafistes d'Ansar al-Charia.
Le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité du pays, avait décidé l'été dernier d'évacuer toutes les milices de la capitale, mais le gouvernement a été incapable d'appliquer cette mesure.
Avec dépêches