
Les ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense, en visite au Caire, ont entamé jeudi des entretiens avec leurs homologues égyptiens, axés sur la coopération militaire. La dossier syrien a également été évoqué.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou effectuent jeudi 14 novembre une visite inédite au Caire. Une visite sur fond de crise entre Washington et son allié égyptien, qui se dit désormais déterminé à coopérer avec d'autres États sur le volet militaire.
La "coopération militaire" était justement au coeur de la discussion entre les ministres de la Défense des deux pays, a déclaré Sergueï Lavrov. "Le ministre Sergueï Choïgou et son homologue Abdel Fattah al-Sissi ont discuté de la coopération militaire" entre les deux pays, a affirmé M. Lavrov lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue égyptien Nabil Fahmy, sans toutefois préciser la teneur de ces entretiens.
Evoquant "la coopération bilatérale de longue date entre l'Égypte et la Russie dans de nombreux domaines, en particulier dans le domaine militaire", M. Fahmy a lui aussi confirmé que les ministres de la Défense avaient discuté de cette collaboration mercredi.
L’ É gypte envisage de nouvelles "options"
Avant cette visite de 48 heures, M. Fahmy avait affirmé vouloir offrir de nouvelles "options" à son pays après le gel partiel, en octobre, par Washington, de son aide substantielle de 1,3 milliard de dollars par an. Les États-Unis, premier pourvoyeur de l'armée égyptienne, avaient pris cette mesure de rétorsion après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée.
Evoquant la situation en Égypte depuis le coup de force des militaires, avec à leur tête le général Sissi, M. Lavrov a souligné que "la Russie [était] contre toute ingérence dans les affaires intérieures et [respectait] la souveraineté de l'Égypte et le droit du peuple égyptien à disposer de lui-même".
L'armée a destitué et arrêté Mohamed Morsi le 3 juillet dernier, quelques jours après que des millions d'Égyptiens sont descendus dans les rues pour réclamer le départ du chef de l'État élu un an plus tôt.
Depuis, les autorités intérimaires installées par les militaires ont réprimé dans le sang les partisans de Morsi. Plus d'un millier de personnes ont péri dans ces violences depuis la mi-août et des milliers d'islamistes ont été arrêtés, dont la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans, la confrérie du président déchu.
Une solution "politique" pour la Syrie
Les ministres russe et égyptien des Affaires étrangères ont par ailleurs plaidé pour une solution "politique" au conflit syrien, Sergueï Lavrov appelant à la tenue rapide d'une conférence de paix internationale.
Mettre fin au conflit qui a fait depuis mars 2011, plus de 120 000 morts, est dans l'intérêt de "la stabilité de la région", a insisté Sergueï Lavrov. De son côté, M. Fahmy s'est dit "contre une solution militaire en Syrie", appelant "toutes les parties à s'engager dans la voie d'une solution politique".
Lundi 11 novembre, après trois jours de débats, la Coalition de l'opposition syrienne avait annoncé qu'elle acceptait de participer à des négociations de paix, à condition que Bachar al-Assad, grand allié de Moscou, remette ses pouvoirs et soit exclu de toute phase transitoire, un scénario d'ores et déjà catégoriquement rejeté par son régime.
Washington et Moscou font pression pour que s'ouvre une conférence internationale de paix dite Genève-II, censée réunir opposition et régime syriens autour de la table des négociations.
Avec dépêches