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"Minute" et Taubira : condamnations unanimes de la couverture raciste

Suite à la publication de la une de l'hebdomadaire d'extrême droite "Minute", le parquet a ouvert une enquête pour injure publique et Manuel Valls entend agir contre la diffusion du journal. Le Front national s'est également indigné.

"Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane", titre l'hebdomadaire "Minute" à paraître mercredi 13 novembre. Cette une insultante, qui fait écho aux injures racistes à répétition qui ont visé récemment la ministre de la Justice, n'a pas tardé à faire réagir la classe politique et les réseaux sociaux. Ce matin, le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour injure publique après que Jean-Marc Ayrault a saisi le procureur de la République de Paris. 

Un peu plus tôt, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, avait affirmé que le gouvernement étudiait "les moyens d'agir contre la diffusion" du journal. "Nous ne pouvons pas laisser passer cela", a-t-il déclaré en marge d'un colloque à l'Assemblée nationale sur les réponses à apporter face à la montée du Front national. Christiane Taubira, présente au même colloque, n'a pas souhaité réagir. La chancellerie, interrogée par l'AFP, avait exclu d'engager des poursuites.

Dans ses pages intérieures, "Minute" file la métaphore simiesque : "Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace". L'article consacré à Christiane Taubira qualifie également de "non événement" les précédentes attaques contre la ministre guyanaise. Mi-octobre, elle avait été comparée à un singe sur la page Facebook d'une candidate du FN aux municipales, écartée depuis par le parti d'extrême droite, puis insultée par des enfants clamant "la guenon mange ta banane" en marge d'une manifestation contre le mariage homosexuel.

Le FN condamne

Si le site n'est plus disponible depuis mardi après-midi, l'indignation n'a cessé de monter. Sur Twitter, le premier secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir a dénoncé une "ignoble une" et la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a critiqué des "propos honteux et nauséabonds". "Ils n'ont donc pas de limites. C'est même à ça qu'on les reconnaît. Pas une #Minute à perdre. Les nazes en cage", a également twitté Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche.

À l'Assemblée, le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, a appelé la société à faire "rempart contre ces extrémismes" et le député UMP Eric Ciotti a dénoncé "une dérive". Qualifiant cette couverture d'"absolument intolérable et abjecte", SOS Racisme a annoncé son intention de porter plainte pour incitation à la haine raciale.

Même le Front national, qui a soutenu le magazine dans les années 1970, a condamné cette une que le vice-président du FN, Florian Philippot, a qualifié d'"inadmissible et choquante" sur l'antenne de France Info. Il dénonce néanmoins une "récupération politique du gouvernement". Le parti a récemment pris ses distances, en particulier depuis janvier, quand le journal avait fait sa couverture sur un supposé lobby gay au sein du parti. Marine Le Pen avait alors qualifié le journal de "torchon".

Récoutez l'interview de F. Philippot, vice-président du FN : "Minute est un torchon"


"Nous assumons cette une satirique"

Du côté de la rédaction du magazine, on se défend face au mur de réactions qui se dressent contre ces propos. "Nous trouvons que c'est indécent, il y a plein d'autres problèmes dans ce pays", a réagi la porte-parole de "Minute", Hélène Valette. "Nous assumons cette une, c'est satirique, personne ne s'offusque des unes de 'Charlie Hebdo'", a-t-elle ajouté.

(Avec dépêches)