Le gouvernement a officiellement mis fin à la mission norvégienne de médiation pour la paix. Colombo justifie sa décision en affirmant que l’armée régulière est proche d’avoir vaincu toutes les poches de résistance des rebelles tamouls.
AFP - Le Sri Lanka a observé lundi une trêve des combats contre la rébellion tamoule, consentie pour 48 heures sous pression internationale, mais a exclu la Norvège de son rôle de médiateur dans l'un des plus longs conflits en cours en Asie.
Ce très bref cessez-le-feu a été respecté dans le nord-est de l'île, où l'armée gouvernementale tente d'écraser depuis janvier un dernier carré d'insurgés séparatistes des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE).
"Nous ne menons aucune opération offensive", a assuré le porte-parole de l'armée, Udaya Nanayakkara, après que, dimanche, le président Mahinda Rajapakse eut "ordonné aux forces armées de se cantonner à des opérations défensives durant le Nouvel an" bouddhique célébré par la majorité cinghalaise (bouddhiste) et la minorité tamoule (hindouiste).
Après des semaines d'exhortations de la communauté internationale, il s'agissait surtout, selon Colombo, de soulager ou de laisser partir les civils tamouls pris au piège dans la zone du conflit, une bande de terre d'une quinzaine de km2 où sont acculés les Tigres.
L'ONU estime que 100.000 à 150.000 habitants tamouls sont toujours coincés dans les combats. Le Sri Lanka les évalue à 70.000 civils et accuse le LTTE de s'en servir comme "boucliers humains". Les Tigres rétorquent que l'armée bombarde ces zones d'habitations.
Le conflit au Sri Lanka --dont la phase militaire touche à sa fin avec la défaite d'une rébellion qui contrôlait en 2007 au moins 18.000 km2 dans le nord et l'est-- a fait des dizaines de milliers de morts depuis 1972, dont 2.800 civils depuis le 20 janvier, selon l'ONU.
La trêve a été saluée par le secrétaire général Ban Ki-moon, qui a tout de même déploré un répit plus court que le "cessez-le-feu humanitaire" de "quelques jours" qu'il appelait de ses voeux.
Depuis que le Sri Lanka a lancé il y a trois mois son offensive "finale" contre le LTTE, les Nations unies, les Etats-Unis ou l'Union européenne s'émeuvent du sort des civils tamouls dans le nord-est, une région coupée du monde à laquelle seule la Croix-Rouge a accès.
Grâce à la forte diaspora sri-lankaise tamoule, des manifestations ont eu lieu ces dernières semaines dans le monde, notamment à Londres où 100.000 personnes ont défilé ce week-end dans la capitale de l'ex-puissance coloniale du Sri Lanka (indépendant depuis le 4 février 1948).
Les bailleurs de fonds du Sri Lanka et médiateurs de l'un des plus vieux conflits asiatiques --Etats-Unis, UE, Japon et Norvège-- avaient sommé la semaine dernière les belligérants de cesser les hostilités.
Certes, Colombo a fait taire les armes, mais il a dans le même temps annoncé ne plus vouloir d'Oslo comme interlocuteur.
"Le gouvernement sri-lankais a le sentiment que la Norvège n'a plus sa place pour agir en tant que médiateur (pour la paix)", a déclaré à l'AFP un responsable gouvernemental, précisant qu'un courrier avait été remis à l'ambassadeur de Norvège à Colombo.
Oslo a rétorqué que sa médiation avait de toute façon pris fin depuis le blocage du processus de paix en 2006.
En janvier 2000, Colombo avait prié Oslo de jouer l'intermédiaire dans des négociations de paix avec le LTTE.
Un cessez-le-feu entre les Tigres et l'armée avait été conclu sous son égide en février 2002, avant d'être rompu par Colombo en janvier 2008, après l'échec de négociations en octobre 2006 à Genève.
Personne lundi ne faisait officiellement le lien entre le camouflet infligé à la Norvège et l'assaut la veille par des Tamouls contre l'ambassade du Sri Lanka dans la capitale norvégienne. Colombo a accusé la Norvège d'avoir failli à sa "mission de protection" de sa chancellerie. Oslo a présenté ses excuses.