
La Fédération des écoles privées pakistanaises, qui compte plusieurs millions d’élèves à travers le pays, a interdit le livre “Moi, Malala”, publié en octobre par la jeune miraculée pakistanaise.
Son combat pour l’éducation est salué à travers le monde, mais dans son pays natal, Malala Yousafzaï, se heurte régulièrement à ses détraqueurs. Coutumière des menaces des Taliban, l’adolescente est, cette fois-ci, confrontrée à la censure de son livre, “Moi, Malala”, dans les établissements scolaires privés.
"Nous ne sommes pas contre Malala [...], mais nous avons interdit son livre à cause de son contenu, qui va à l'encontre de l'idéologie du pays et des valeurs islamiques", a déclaré dimanche 10 novembre à l'AFP Kashif Mirza, président de la Fédération des écoles privées. Cette dernière compte des milliers d'établissements et des millions d’élèves à travers le pays. Une annonce qui pèse d’autant plus lourd, que, de son côté, le système scolaire public pakistanais est si pauvre, que le livre n’y sera probablement pas disponible à grande échelle.
Aucune menace des Taliban
Selon Kashif Mirza, l’ouvrage ne respecte pas l’Islam pour plusieurs raisons. Notamment, la version anglaise n’affiche pas l’abréviation PUH — "peace be upon him" — ("que la paix soit sur lui"), lorsque que le nom du prophète Mahomet est mentionné. Une tradition souvent respectée dans le monde musulman. Sa manière de traiter avec souplesse du controversé Salman Rushdie, auteur des “versets sataniques”, lui est également reproché.
Les écoles pakistanaises avaient soutenu Malala, lorsqu'elle avait été la cible d'une attaque des Taliban en octobre 2012. Mais les opinions exprimées dans son livre sont tout simplement "inacceptables", a exprimé Kashif Mirza. Celui-ci a, en outre, tenu à souligner qu’il n’avait reçu aucune menace de la part des Taliban, qui avaient promis d'attaquer les librairies pakistanaises, vendant la biographie de la jeune fille.
Accusée par certains de ses compatriotes d’être devenue “un agent de l’Occident”, Malala, aujourd'hui âgée de 16 ans, a co-écrit son ouvrage avec la journaliste britannique Christina Lamb. Le livre revient notamment sur l'histoire du Pakistan et la vie sous les Taliban, qui avaient instauré, de 2007 à 2009, un régime de terreur dans la vallée de Swat, d'où est originaire Malala.
Avec dépêches