Quatre jours après le passage du typhon Haiyan aux Philippines, qui a tué 10 000 personnes dans la ville de Tacloban, les secours tentent de s'organiser pour aider les rescapés. Mais la communication avec les zones sinistrées reste difficile.
La nuit est tombée, lundi 11 novembre, sur les Philippines, la quatrième depuis le passage dévastateur du typhon Haiyan. Face à l’étendue des dégâts, les secours peinent à s’organiser, et surtout à atteindre les zones touchées par les vagues.
itCyril Payen, l’envoyé spécial de FRANCE 24 dans l'archipel, est arrivé à Cebu, une île au centre du pays, et constate que la communication avec les régions côtières n’est toujours pas rétablie . "Je me trouve à moins de trente minutes d’avion de cette zone côtière, et des avions, il n’y en a pas encore assez pour effectuer des rotations afin d'acheminer de l’aide alimentaire, mais aussi évacuer les nombreuses personnes voulant quitter cette zone, notamment les blessés", témoigne-t-il sur notre antenne.
Cyril Payen faisait aussi état, lundi après-midi, de "scènes chaotiques" dans le petit aéroport de Cebu, où "des centaines de familles anxieuses cherchent à avoir des nouvelles", et tentent par eux-mêmes "de se rendre sur place, munis de vivres, d’eau et de médicaments". "On est encore sans nouvelles de dizaines de milliers de foyers", conclut-il. Quant au nombre total de victimes, il n’est toujours pas officiellement connu. Un haut responsable de la police philippine a évoqué dimanche 10 000 morts sur l’île de Leyte. Lundi, l'ONU a repris ce chiffre uniquement pour la ville de Tacloban.
L'état de catastrophe nationale décrété
Face à l'urgence, l’état de catastrophe nationale a été déclaré lundi par le président Benigno Aquino III, ce qui permet d’imposer un contrôle des prix, et d’accélérer le déblocage de fonds. L’aide nationale et internationale arrive lentement sur les régions dévastées. La première aide américaine est ainsi arrivée lundi sur l’île de Leyte, avec quelque 90 Marines et deux avions C-130 remplis de vivres et de matériel. Une quinzaine d’appareils américains devraient être acheminés à terme.
Le délégué des Philippines à la conférence internationale sur le climat à Varsovie a, de son côté, annoncé qu'il s'abstiendrait de manger jusqu'à la fin de la réunion le 22 novembre. "Par solidarité avec mes compatriotes, qui luttent pour trouver de la nourriture [...], je commencerai un jeûne volontaire pour le climat", a déclaré Naderev Sano.
Dans la ville de Tacloban, capitale de Leyte, tout a été rasé et l’odeur des corps en décomposition flotte dans l’air. Les secours tentent d’y acheminer tentes, vivres et matériel médical. Mais leur travail est rendu difficile par les pillages : des magasins d’alimentation et un convoi de la Croix-Rouge ont par exemple été attaqués. "Nous voulons une équipe organisée pour ramasser les cadavres, apporter à manger, et mettre fin aux pillages", a réclamé à l'AFP Joan Lumbre-Wilson, 54 ans, l'un des nombreux rescapés. "Nous sommes émotionnellement et physiquement épuisés. De nombreux bébés et enfants ont besoin d'aide", a-t-il ajouté.
Et les épreuves ne sont peut-être pas encore terminées pour les Philippins : une dépression tropicale est attendue au sud de l’archipel mardi, avant de se diriger vers le centre. Elle pourrait provoquer de nouvelles inondations.
Avec dépêches