
Les analyses scientifiques suisses ne permettent pas de dire que le polonium a causé sa mort du dirigeant Yasser Arafat, ont assuré jeudi les experts. Ils évoquent l'intervention d'un tiers pour expliquer les doses retrouvées dans son corps.
Un membre de la direction palestinienne, Wassel Abou Youssef, a appelé, jeudi 7 novembre, à la formation d'une "commission d'enquête internationale sur le meurtre du président Arafat". "De la même manière qu'une commission d'enquête internationale a été formée sur le meurtre de (l'ex-Premier ministre libanais) Rafic Hariri, il doit y avoir une commission internationale pour enquêter sur le meurtre du président Arafat", a déclaré Wassel Abou Youssef, membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Le mystère sur les causes de la mort de Yasser Arafat n'est toujours pas levé. Les conclusions des experts suisses sur les causes de la mort de Yasser Arafat ne confirment pas la thèse de l'empoisonnement au polonium.
"On ne peut pas dire que le polonium a été la source de la mort" d'Arafat, a déclaré, jeudi 7 novembre, lors d'une conférence de presse à Lausanne, le professeur François Bochud, directeur de l'Institut de radiophysique appliquée. Mais "on ne peut pas l'exclure", a-t-il nuancé. "Nos résultats soutiennent raisonnablement la thèse de l'empoisonnement", a ajouté le professeur Bochud.
Il n'est pas possible pour les scientifiques d'apporter des conclusions plus tranchées. Selon le professeur Patrice Mangin, directeur du Centre universitaire romand de médecine légale, il aurait fallu obtenir des échantillons après la mort d'Arafat, dans un hôpital de la région parisienne, mais il n'en existe plus.
"L'intervention du tiers"
Les experts helvètes ont trouvé dans le fémur et les côtes de Yasser Arafat un niveau de polonium de 18 à 36 fois supérieur à la normale. Pour le centre universitaire romand de médecine légale, ces doses supposent forcément l'intervention d'un tiers.
Ces conclusions sont en contradiction avec le travail des experts russes, qui ont indiqué en octobre dernier, ne pas avoir retrouvé de polonium dans les échantillons biologiques. Une soixantaine d'échantillons de la dépouille du dirigeant historique palestinien, exhumée à Ramallah en novembre 2012, avait été répartis entre des équipes russes, françaises et suisses.
Malgré les conclusions nuancées des experts suisses, la veuve de l’ancien président palestinien, Souha Arafat, s'est empressée de réagir, en relançant la thèse de l'empoisement. Cette dernière qui a déposé plainte en 2012 en France, déclenchant une information judiciaire pour assassinat, n’accuse en revanche aucun pays ou individu en particulier. Elle souligne toutefois que le leader historique de l’Organisation pour la libération de la Palestine [OLP], qui signa en 1993 un accord de paix intérimaire à Oslo avec Israël, avait beaucoup d’ennemis. Elle affirme qu’elle n’abandonnera pas les recherches pour trouver le ou les coupables. "Ma fille et moi irons devant tous les tribunaux, à travers le monde, pour punir ceux qui ont commis ce crime", a-t-elle affirmé dans une interview à Al-Jazira.
"Interroger les médecins français"
Les causes de la mort d'Arafat n'ont pas été élucidées, et nombre de Palestiniens soupçonnent Israël, qui a toujours nié, de l'avoir empoisonné. Ce dernier a une nouvelle fois rejeté catégoriquement, jeudi, toute implication dans la mort de Yasser Arafat.
Danny Yatom, un ancien patron du Mossad, le service de renseignements israélien, a estimé que "toute cette affaire [était] très bizarre". "Pour lever le mystère, il suffirait d'interroger les médecins français, qui l'ont soigné", a-t-il déclaré à la radio publique. "Je ne sais pas, si Souha Arafat agit uniquement pour défendre la mémoire ou l'argent de son mari défunt", a-t-il poursuivi. Cet ex-chef du Mossad [1996-98] a rappelé, que la nourriture consommée par Yasser Arafat alors encerclé par l'armée israélienne à la Mouqataa, à Ramallah, à partir de 2002, était préalablement testée par des goûteurs.
Avec dépêches