
Une personne a trouvé la mort à Bangkok alors que des centaines de militaires sont déployés aux alentours du siège du gouvernement, point névralgique des manifestations où sont massés des milliers d'opposants au régime.
Des centaines de militaires thaïlandais arrivés à bord de camions ont occupé, lundi, une place proche du siège du gouvernement, à Bangkok, devant lequel sont massés des milliers de manifestants. Un bâtiment du ministère thaïlandais de l'Éducation ainsi que sept autobus ont été incendiés dans le même secteur, envahi par des nuages de gaz lacrymogène et où des tirs d'armes automatiques ont été entendus. Une personne a trouvé la mort lors de ces violences.
L’armée thaïlandaise a dispersé plus tôt dans la journée des manifestants hostiles au gouvernement en tirant en l'air et en recourant au jet de gaz lacrymogène, faisant au moins 94 blessés. Les manifestants pro-Thaksin lançaient, eux, des cocktails molotov et des pavés contre les soldats.
Sur place, le correspondant de Radio France internationale (RFI) et FRANCE 24, Arnaud Dubus, a été le témoin des évènements de la matinée : autour du carrefour Din Daeng, le plus important de la capitale, "l’armée a d’abord essayé de négocier avec les manifestants (…). Ces derniers ont voulu utiliser des véhicules pour les lancer à toute vitesse dans les rangs des militaires. À partir de ce moment là, les soldats ont tiré des grenades lacrymogènes et des balles réelles, en l’air."
Surnommés les "Chemises rouges", ces manifestants réclament le retour au pouvoir de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra et s’opposent violemment au gouvernement d'Abhisit Vejjajiva, l'actuel chef du gouvernement, mis en place en décembre 2008.
C'est la première fois que l'armée thaïlandaise emploie la force contre les protestataires depuis la proclamation de l'état d'urgence, dimanche, à Bangkok.
"Assaut imminent" au siège du gouvernement
Le gouvernement du Premier ministre Abhisit a déclaré, lundi matin, qu'il allait prendre des mesures dans les prochaines heures pour "assurer la sécurité des grands ports, aéroports et infrastructures majeures".
Il est donc probable que l’armée intervienne pour déloger les quelque 10 000 opposants qui ont campé toute la nuit autour du siège du gouvernement, à Bangkok. Ces manifestants "s’attendent à un assaut imminent, (…) barricadés derrière des autobus et des camionnettes de police", précise Arnaud Dubus.
Le rassemblement des "Chemises rouges" sous les fenêtres du chef du gouvernement a commencé il y a plusieurs semaines. Mais dimanche, la situation s’est tendue après l'arrestation d’un leader protestataire, l'ancien chanteur de pop Arisman Pongreungrong.
Des milliers d’opposants ont déferlé dans les rues de Bangkok, se massant devant le ministère de l'Intérieur et attaquant le véhicule du Premier ministre. L’état d’urgence a alors été déclaré et l'armée s'est déployée dans la capitale, officiellement pour protéger les bâtiments publics.
Thaksin de retour ?
L’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, en exil depuis 2008, suit de près le mouvement de ses partisans. Toute la nuit, il est resté en contact téléphonique avec eux.
Il a déclaré que le moment était idéal pour se soulever contre le gouvernement et a réitéré ses appels à une "révolution du peuple".
Premier ministre thaïlandais de 2001 à 2006, Thaksin a été renversé par l’armée et vit en exil pour échapper à une condamnation et à diverses enquêtes relatives à des faits de corruption dans son pays.