logo

La veuve de Yasser Arafat crie à "l'assassinat politique"

Selon Souha Arafat, la veuve de l'ancien président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat est bien mort empoisonné au polonium en 2004. Elle s'appuie sur les dernières expertises médicales d'un laboratoire suisse.

La veuve de l’ancien président Yasser Arafat en est persuadé : son mari est mort empoisonné au polonium. Souha Arafat étaye - encore une fois - son intime conviction, à la lumière de nouvelles expertises d’un laboratoire suisse, qui confortent sa thèse. Leur conclusion médicale a été diffusée mercredi 6 novembre sur la chaîne qatarie Al-Jazira.

"Les résultats soutiennent modérément l'hypothèse, que la mort a été la conséquence d'un empoisonnement au polonium-210", concluent les dix médecins et praticiens, qui viennent pour la plupart de l'Institut de radiophysique de Lausanne. Les experts suisses ont trouvé dans le fémur et les côtes de Yasser Arafat un niveau de polonium de 18 à 36 fois supérieur à la normale.

"Il s'agit d'un crime"

Une conclusion qui ne fait pas l'unanimité dans le corps médical. Certains médecins restent toujours sceptiques à cette thèse de l’empoisonnement, se demandant comment Yasser Arafat aurait pu mourir de la sorte, après avoir connu un bref rétablissement pendant sa maladie – ce qui ne colle pas avec la thèse d’un empoisonnement radioactif –, et notant que l’ancien président palestinien n’avait pas perdu tous ses cheveux, comme c’est pourtant le cas avec le polonium.

Qu’importe, neuf ans après le décès de l’ancien président de l’Autorité palestinienne, Souha Arafat n’a aucun doute sur les causes du décès de son mari. "Il s’agit d’un vrai crime, d’un assassinat politique", a déclaré la veuve de Yasser Arafat.

Souha Arafat - qui a déposé plainte en 2012 en France, déclenchant une information judiciaire pour assassinat - n’accuse en revanche aucun pays ou individu en particulier, mais elle souligne que le leader historique de l’Organisation pour la libération de la Palestine [OLP], qui signa en 1993 un accord de paix intérimaire à Oslo avec Israël, avait beaucoup d’ennemis. Elle affirme qu’elle n’abandonnera pas les recherches pour trouver le ou les coupables. "Ma fille et moi irons devant tous les tribunaux à travers le monde pour punir ceux qui ont commis ce crime", a-t-elle affirmé dans une interview à Al-Jazira.

"Un feuilleton plus que de la science"

Pour les membres de l’OLP, il ne fait en revanche aucun doute sur l’identité des assassins. Dans un communiqué diffusé mercredi, Wasel Abou Yousef, membre du comité exécutif de l’organisation, a dit voir dans ces résultats la preuve qu’Arafat a été "victime d’un assassinat terroriste, planifié commis par un État, Israël, qui cherchait à se débarrasser de lui".

Israël, de son côté, nie toute responsabilité. "Cela tient davantage du feuilleton, que de la science", a déclaré le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor.

De leur côté, les juges français, chargés de l’enquête pour assassinat, n’ont pas encore reçu le résultat des expertises effectuées par des légistes français après l’exhumation du corps, a-t-on appris auprès du parquet de Nanterre. Le corps de Yasser Arafat a été exhumé en novembre 2012 à Ramallah.

Yasser Arafat est mort le 11 novembre 2004, à l’âge de 75 ans, à l’hôpital militaire de Percy (92), après avoir contracté une courte et mystérieuse maladie. À la demande de Souha Arafat, aucune autopsie n’avait été pratiquée à l’époque, et les médecins français s’étaient déclarés incapables de déterminer la cause du décès.

Avec dépêches