Le père des iPhone a, pour la première fois, publié un rapport qui détaille les demandes d’information sollicitées par les gouvernements auprès de la firme. Dans ce document, Apple tacle également les autorités américaines et ses concurrents.
Pour un groupe aussi obsédé par le secret, c’est une première qui en dit long sur les tensions qui existent actuellement entre le gouvernement américain et les géants de la Silicon Valley. Apple a décidé, mardi 5 novembre, de publier son premier rapport détaillant les demandes d’informations émanant de gouvernements. Il couvre la période du 1er janvier au 30 juin 2013.
Un geste qui n’est pas sans rappeler le Transparency Report que Google publie depuis quelques années et les publications similaires de Twitter, Microsoft ou encore LinkedIn. Mais dans le cas d’Apple, tout est dans le timing. La planète tech est, en effet, plus que jamais ébranlée par les dernières révélations dans le cadre du scandale des écoutes de la NSA (l’Agence américaine de sécurité nationale). Le Washington Post a, ainsi, détaillé, lundi 4 novembre, comment les espions américains accédaient aux données stockées sur les serveurs de Google et Yahoo! sans même avoir à obtenir l’accord de ces groupes. Deux experts en sécurité de Google ont, depuis, pris la plume pour adresser un “fuck you” public à la NSA.
Sans utiliser un tel langage, la marque à la pomme souligne que ses “utilisateurs ont le droit de savoir ce qui se passe avec les données confiées [à Apple]”. Le groupe regrette, à ce titre, que les autorités américaines lui interdisent d’entrer dans le détail des demandes relevant de questions de sécurité nationale et assure avoir entrepris des démarches judiciaires pour pouvoir être plus transparent à ce sujet.
Les États-Unis au-dessus de tous
Conséquence de cet ordre venu d’en haut, le rapport d’Apple indique seulement que le groupe a reçu entre 1000 et 2000 demandes de renseignement des autorités américaines concernant entre 2000 et 3000 comptes d’utilisateurs d’iTunes ou iCloud (le service de stockage en ligne d’Apple). L’inventeur des iPhone et iPad précise qu’il a fourni les renseignements demandés dans 0 à 1000 cas. Même en restant aussi flou, ces chiffres démontrent que la curiosité des autorités américaines dépasse de très loin celle des autres gouvernements. Le deuxième pays le plus intéressé par les données que possèdent Apple est le Royaume-Uni, avec seulement 127 demandes de renseignement. La France n’a, quant à elle, fait parvenir que 71 requêtes sur des comptes d’utilisateurs des services d’Apple
Dans les cas où la marque à la pomme a obtempéré, elle a fourni des renseignements soit sur le compte email, soit sur le calendrier ou encore sur les photos stockées sur iCloud. La société peut, aussi, avoir eu à révéler aux autorités des informations sur l’historique des achats effectués sur iTunes (musiques, films ou encore applications achetées). Apple souligne que dans l’immense majorité des cas, les demandes sont liées à des affaires judiciaires comme des cambriolages, des kidnappings ou encore la recherche de personnes disparues.
Pas d’intérêt pour les données personnelles
Apple fournit également des informations sur les demandes des autorités concernant spécifiquement des produits de la marque. “La grande majorité de ces requêtes concernent des vols ou des pertes”, précise le rapport. Pas de problème, dans ces cas-là, de sécurité nationale : Apple peut donc être bien plus précis et révèle que les autorités américaines ont voulu obtenir des informations (numéro d’identification du produit) concernant plus de 8000 iPhone ou iPad.
Certes, tout au long du rapport, Apple se montre solidaire de la démarche de Google, Facebook & Co. pour pouvoir fournir des informations plus détaillées sur les demandes du gouvernement américain. Mais, le groupe ne peut s’empêcher d’en profiter aussi pour tacler ses concurrents.
“Ce qui est peut-être le plus important c’est que notre modèle économique ne repose pas sur la collecte massive d’informations personnelles et que nous n’avons aucun intérêt à stocker ces données”, souligne le groupe dès l’introduction de son rapport. Une manière de dire que pour ceux qui font de la protection de leurs données personnelles une priorité absolue, Apple serait un havre bien plus sûr que son principal concurrent Google, dont l’utilisation de certaines données personnelles à des fins publicitaires est le fond de commerce.