Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a affirmé mardi avoir remporté une "victoire totale" sur la rébellion du M23. Un peu plus tard, le mouvement rebelle a annoncé qu'il mettait "un terme à sa rébellion".
Serait-ce la fin du M23 ? Au terme de plusieurs jours de violents combats, le gouvernement de la RD Congo a annoncé, mardi 5 novembre au matin, qu'une "victoire totale" avait été remportée sur la rébellion du M23. L'armée, qui encore lundi était engagée dans d'intenses combats, n'a ni confirmé, ni infirmé ce succès dans l'immédiat.
L'armée congolaise a chassé les derniers combattants du M23 pendant la nuit des deux dernières positions qu'ils occupaient dans les montagnes du Nord-Kivu, frontalières du Rwanda et de l'Ouganda. Dans la foulée de cette victoire, Kinshasa a annoncé que l’armée allait continuer son offensive contre plusieurs autres factions rebelles : les rebelles rwandais du FDLR, dans l’est de la République du Congo, les Forces démocratiques alliées (ADF-NALU, un groupe ougandais), l’Armée de résistance du seigneur (LRA, un autre groupe ougandais) puis les Forces nationales de libération (FLN, un groupe burundais).
"Il n'y a plus de place dans notre pays pour quelque groupe irrégulier que ce soit", a déclaré le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende.
Le M23 proclame la fin de la rébellion
De son côté, la rébellion du M23 a proclamé la fin immédiate de sa rébellion dans l'est du pays. "À cette fin, le chef d'état-major et les commandants de toutes les unités principales sont priés de préparer les troupes au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration, selon des termes à convenir avec le gouvernement du Congo", déclare Bertrand Bisimwa, chef de l'aile politique du M23, dans un communiqué. Il s'agit précisément de ce que demandaient aux rebelles les autorités congolaises, ainsi que Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC [Monusco].
"Il est important que le M23 [...] déclare la fin de la rébellion. Les combats doivent cesser pour que les deux parties puissent négocier une issue politique à leur conflit", avait indiqué dans la soirée le chef de la Monusco, Martin Kobler, dans un communiqué.
Les rebelles retranchés aux confins du Rwanda et de l'Ouganda
Selon Lambert Mende, ministre des Médias, les derniers rebelles ont "fui pour la plupart vers le Rwanda" voisin. Depuis la prise de leur fief et Bunagana, dernière place forte à la frontière avec le Rwanda, les rebelles s'étaient retirés sur trois collines des environs, dans les montagnes aux confins du Rwanda et de l'Ouganda, à près de 2000 mètres d'altitude : Mbuzi, Runyonyi et Chanzu.
Mbuzi était tombée lundi à la mi-journée. Dans l'après-midi, des éléments de la Brigade d'intervention de la Monusco s'étaient joints aux force gouvernementales pour pilonner au mortier les positions rebelles, après la mort de six civils tués par des chutes d'obus sur Bunagana [80 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu].
Au début de l'offensive contre les derniers bastions rebelles, samedi, les combattants du M23 retranchés sur Mbuzi, Runyonyi et Chanzu étaient entre 200 et 300, selon les estimations.
Le M23 est né d'une mutinerie d'anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l'armée trois ans plus tôt après un accord de paix. Le Mouvement semble avoir été lâché par le Rwanda et l'Ouganda, les deux pays accusés par les Nations unies de le soutenir, et qui ont fait l'objet d'intenses pressions diplomatiques, notamment américaines, pour que cela cesse.
Avec dépêches