
Les deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, enlevés samedi après-midi à Kidal au Nord-Mali, ont été retrouvés morts. Ils étaient des journalistes aguerris, tous deux de fins connaisseurs de l'Afrique.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes français de RFI enlevés samedi 2 novembre à Kidal, ont été tués, selon le Quai d'Orsay, confirmant des informations de l'agence Reuters. "Les services de l'État français, en lien avec les autorités maliennes, mettent tout en œuvre pour que la lumière soit faite le plus rapidement possible sur les circonstances de leur décès", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
François Hollande, pour sa part, a exprimé son "indignation" et a convoqué Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, Christiane Taubira, ministre de la Justice et Jean-Yves Le Drian, à la Défense à 9h30 dimanche à l'Élysée "pour établir précisément, en lien avec les autorités maliennes et les forces de l'ONU, les conditions de ces assassinats".
Samedi, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour enlèvement et séquestration suivis de meurtre en lien avec une entreprise terroriste.
Les corps des deux journalistes, "criblés de balles", ont été retrouvés à l’extérieur de la ville, a déclaré Paul-Marie Sidibé, préfet de la localité de Tinzawaten, qui est basé à Kidal. Ils avaient été enlevés dans l'après-midi devant le domicile d'Ambéry Ag Rissa, un représentant du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). "Ambéry Ag Rhissa a entendu un bruit suspect dans la rue, des coups de crosse portés contre le véhicule de nos reporters. Il a alors entrouvert sa porte et a vu les ravisseurs embarquer nos deux journalistes dans un véhicule 4x4 beige. Les ravisseurs l'ont menacé de leurs armes et l'ont sommé de rentrer chez lui", indique RFI sur son site Internet.
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"Probablement des membres d’Ansar Dine"
"La guerre continue aujourd’hui au Mali, et en particulier à Kidal, la ville la plus compliquée à gérer", commente Julien Sauvaget, journaliste pour FRANCE 24, témoignant de sa propre expérience dans le pays, où il a effectué, en juillet, un reportage aux côtés de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon. "La tension était très présente à Kidal il y a encore quelques mois".
Réagissant à l’information de RFI selon laquelle la langue parlée par les ravisseurs était le tamashek, Julien Sauvaget, a indiqué qu’"on [avait] possiblement affaire à des Touareg." "On peut penser qu’il s’agit de membres d’Ansar Dine, un groupe lié à Al-Qaïda, majoritairement touareg".
Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde (RFI - FRANCE 24 - Monte Carlo Doualiya) a également réagi en qualifiant ce drame d'"assassinat barbare".
Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes expérimentés et spécialistes de l’Afrique, étaient déjà venus faire des reportages dans cette ville lors de la présidentielle de juillet-août au Mali. Ils avaient quitté Bamako pour Kidal mardi, en vue d'émissions spéciales sur le Mali prévues sur RFI les 7 et 8 novembre. La rédaction de RFI a annoncé samedi soir que ces programmes spéciaux étaient annulés.