Un groupe baptisé les "Aigles de la libération de l'Afrique" a revendiqué l'enlèvement, le 4 avril, au Darfour, de deux humanitaires française et canadienne. Il menace de les exécuter si les membres de l'Arche de Zoé ne sont pas rejugés.
Sur FRANCE 24, un homme qui se fait appeler Abou Mohammed, affirmant s'exprimer au nom d’un groupe baptisé les "Aigles africains de la liberté" ou les "Aigles de la libération de l’Afrique", a pressé "le gouvernement français (de) négocier rapidement avec (son organisation), sans passer par les autorités soudanaises, auquel cas les deux otages seront tuées dans un bref délai".
Les ravisseurs dénoncent "l’accord" passé entre Paris et N’Djamena dans le cadre de l'enlèvement, par l'ONG française l'Arche de Zoé, d'une centaine d'enfants présentés comme des orphelins du Darfour, à l'automne 2007, dans l'Est du Tchad. Ils exigent "que les coupables soient remis en prison, que justice soit faite, que nos familles dont les enfants ont été retenus en France soient indemnisées".
À Paris, le ministère des Affaires étrangères et l'Élysée se sont refusés à tout commentaire dans l'immédiat. "Nous ne faisons jamais de commentaires sur ce type de dossier", a déclaré un porte-parole du Quai d'Orsay. De son côté, le président de l'Arche de Zoé, Éric Breteau, a affirmé qu'il était prêt à un nouveau procès si cela pouvait permettre la libération des otages.
"Nous sommes bien traitées"
Les ravisseurs ont permis à leurs deux otages de s’exprimer, dimanche, par téléphone. FRANCE 24 a recueilli le témoignage de la Française, Claire Dubois, qui s’exprimait visiblement sans trop de crainte ni de fatigue mais sous le contrôle de ses ravisseurs. "Nous sommes bien traitées, affirme l’otage française, nous avons à boire et à manger, il n’y a pas de violences". L’humanitaire dit aussi souhaiter "que tout cela aboutisse dans la paix et qu’on puisse rentrer chez nous au plus vite".
Claire Dubois et Stéphanie Joidon, les deux employées française et canadienne de l'organisation humanitaire Aide médicale internationale (AMI), ont été enlevées le 4 avril à Ed el-Foursan, dans le Sud de la région occidentale du Soudan.
Le mandat d’arrêt de la CPI accroit la tension
La tension s'est fortement accrue dans la région après l'émission, en mars, par la Cour pénale internationale (CPI), d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.
Il s'agit du deuxième enlèvement d'humanitaires depuis l'émission du mandat d'arrêt, le 4 mars. Cinq membres de la section belge de l'ONG française Médecins Sans Frontières (MSF) - un Français, une Canadienne, un Italien et deux Soudanais - avaient été enlevés, le 11 mars, dans une autre région du Darfour, et libérés en moins de trois jours.