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Jean-Marc Ayrault annonce la suspension de l'écotaxe sur tout le territoire

Après les violentes manifestations survenues le week-end dernier dans le Finistère (Bretagne) contre l'écotaxe, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé la suspension de cet impôt censé entrer en vigueur le 1er janvier 2014.

L’écotaxe passe à la trappe. Confronté à une véritable révolte fiscale dans le Finistère, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a finalement opté pour une suspension pure et simple de cette taxe sur les camions de plus de 3,5 tonnes censée entrer en vigueur le 1er janvier prochain.

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"l'apogee d'une spirale un peu infernale"
Jean-Marc Ayrault annonce la suspension de l'écotaxe sur tout le territoire

C’est le député socialiste du Finistère Jean-Jacques Urvoas qui a annoncé, mardi 29 octobre, la suspension de l’écotaxe sur tout le territoire à l’issue de la réunion à Matignon entre les élus bretons et le gouvernement. Une information confirmée rapidement par le chef du gouvernement, qui a tenu à souligner que ‘suspension n’[était] pas suppression’.

"Le courage, ce n'est pas l'obstination, c'est d'écouter, de comprendre, de rechercher la solution", a ajouté Jean-Marc Ayrault lors d'une déclaration à Matignon, tout en annonçant la mise en place d’un dialogue au niveau national et régional. 

Camouflet pour les écologistes 

La suspension de l’écotaxe apparaît comme un véritable camouflet pour les alliés écologistes du gouvernement, qui tenaient beaucoup à ce mécanisme visant à inciter les entreprises à utiliser des moyens de transport moins polluants. Cette mesure visant tous les camions français ou étrangers de plus de 3,5 tonnes roulant sur certaines routes (hors autoroutes payantes) aurait du rapporter plus de 1 milliard d’euros par an. 

Cette taxe - à l’origine une mesure du Grenelle de l’environnement de Nicolas Sarkozy - est devenue un cheval de bataille pour l’opposition de droite, qui tire à boulets rouges contre la politique fiscale du gouvernement. L'UMP, dont les dirigeants se sont relayés lundi pour dénoncer les revirements successifs du gouvernement sur le front fiscal et réclamer l'abrogation de l'écotaxe, avait ainsi décidé de boycotter la réunion tenue ce mardi à Matignon.

"Politique à la petite semaine"

"Le gouvernement doit cesser sa politique à la petite semaine faite d'annonces et de reculades successives. La France a besoin d'un gouvernement de gauche solide et non d'un 'exécutif girouette'", a écrit le PCF dans un communiqué.

Le député écologiste indépendant Noël Mamère s'est dit "accablé" par la décision du gouvernement, y voyant "le peu de considération de l'exécutif pour la transition écologique", et a invité les écologistes à s'interroger sur leur présence au gouvernement. "C'est la démonstration de la faiblesse politique de ce gouvernement et de son peu de considération pour la transition écologique", a commenté Noël Mamère.

L'ex-ministre UMP du Budget Valérie Pécresse a déclaré, pour sa part, que l'écotaxe était comme "la goutte d'eau qui fait déborder le vase" de la "révolte fiscale", annonçant le dépôt d'une proposition de loi pour la stabilité fiscale. L’ancien ministre UMP Bruno Le Maire a quant à lui estimé dans "Le Parisien" que le gouvernement socialiste était "en train de mettre le pays à feu et à sang".

Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, s'est lui demandé comment le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll (PS) et ses collègues écologistes "restaient au gouvernement", après une telle annonce.

Seul le président de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, Xavier Beulin, s'est félicité de l'annonce de Jean-Marc Ayrault. "Je considère que nous avons été entendus. Nous demandions un ajournement, et non pas une suppression", a-t-il déclaré, rappelant que la FNSEA justifiait sa position par un environnement économique et conjoncturel "extrêmement difficile" pour le secteur agricole et agroalimentaire.

Avec dépêches