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Une partie des comptes de campagne de Marine Le Pen non remboursée

Le Front national s’est vu refuser 700 000 euros de remboursements sur ses comptes de campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Pour le numéro deux du FN, intégrer toutes les dépenses reflète la volonté de transparence du parti.

C'est ce qui s'appelle se faire épingler. Le Front national (FN) s'est vu refuser le remboursement de près de 700 000 euros de dépenses de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, selon la Commission des comptes de campagne et des financements politiques (CCNCCPF), confirmant ainsi un article paru mercredi 23 octobre dans "Le Canard enchaîné".

Contrairement au président sortant, Nicolas Sarkozy, dont les comptes de campagne ont été entièrement invalidés, ceux de la chef de file du parti frontiste ont été "réformés", en d'autres termes retouchés. Sur les 9 millions d'euros de facture présentés à la CCNCCPF, 7,66 % ont été rejetés en raison de leur nature.

Un hôtel quatre étoiles à Nice

Parmi les coquetteries comptables constatées par l’hebdomadaire, la facture de 102 442 euros de l’Université d’été du FN organisée à Nice les 10 et 11 septembre 2011, pourtant sans rapport avec l’élection présidentielle de 2012. La présidente du parti d’extrême droite a également présenté une note 1 363,80 euros pour deux nuits passées à l'hôtel Méridien, sis sur la célèbre Promenade des Anglais de la ville. "Pendant ce temps-là, les cadres du parti avaient le droit à l’Ibis du coin, à 80 euros la nuit. C’est bon d’être la cheffe !", ironise "Le Canard".

L’hebdomadaire évoque également une soirée mondaine organisée le 25 juin 2011 dans les jardins de la villa de Montretout, chez Jean-Marie Le Pen, pour récolter des fonds en vue de la campagne de la fille du président d'honneur du Front national. Coût de l'évènement baptisé "bal de la Marine" ? 131 173 euros.

Mais la liste ne s’arrête pas là. Alors qu’en période électorale, des officiers de police sont mis à disposition des candidats par la préfecture de police, Marine Le Pen a préféré faire appel à ses propres "agents de sécurité". Résultat : 21 105 euros défalqués de ses comptes de campagne.

Pour "Le Canard enchaîné", l’"objectif inavoué de cette tentative d’embrouille comptable" n’est rien de moins que la volonté d’"obtenir, aux frais du contribuable, un remboursement supplémentaire".

"Le respect de la loi"

Interrogé par la chaîne d'information LCI mercredi, Florian Philippot, le numéro deux du parti frontiste a nuancé cette rectification des comptes en jouant la carte de la transparence, rappelant que le FN s’était contenté de respecter la loi.

"C'est normal et c'était prévu, a affirmé le vice-président du Front national. Il faut connaître les règles. On déclare tout ce qui peut être imputé à une campagne présidentielle. On a fait l’inverse de Nicolas Sarkozy qui a oublié de mettre des dépenses donc ses comptes ont été rejetés, a-t-il rappelé en mettant en avant la probité du FN en politique. C’est un évènement classique et normal dans une élection présidentielle."

Prenant comme exemple l’Université d’été de 2011, Florian Philippot a expliqué, cette fois-ci sur RFI, qu’il ne s’agissait que d’une divergence d’appréciation sur les dépenses. " C’est son choix, c’est son analyse [celle du CCNCCPF]. Mais ça ne veut pas dire que c’est une dépense rejetée. C’est simplement le respect de la loi", a-t-il martelé.

Reste que les comptes de campagne de Marine Le Pen n’ont pas été les seuls à être toilettés. D’autres candidats ont aussi vu leurs comptes "réformés" comme François Bayrou (MoDem) à hauteur de "249 955 euros" (3,55 %) ou Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) pour "137 653 euros" (1,45 %) ou encore le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan avec "133 812 euros" (soit 10,81 %).