Le père de l'adolescente expulsée le 9 octobre vers le Kosovo a avoué avoir menti sur la nationalité de sa famille afin d'accroître ses chances d'obtenir l'asile en France. Leonarda Dibrani serait en réalité née en Italie.
Reshat Dibrani, le père de Leonarda, une collégienne expulsée de France le 9 octobre vers le Kosovo, a affirmé jeudi à l'AFP avoir menti aux autorités françaises sur les origines kosovares de sa famille, dans l'espoir d'augmenter ses chances d'obtenir l'asile en France.
Lui-même Rom né au Kosovo, Reshat Dibrani, 47 ans, a expliqué qu'il était en fait le seul de sa famille né dans cette ancienne province serbe, qui a proclamé son indépendance de la Serbie en février 2008.
Selon son récit, à l'âge de neuf ans il quitte le Kosovo avec sa famille pour l'Italie puis la France courant 2008. Son épouse, Xhemaili, 41 ans, est née en Italie, ainsi que cinq de leurs six enfants, dont Leonarda, a-t-il assuré. La dernière, Medina, âgée de 17 mois, est le seul enfant né en France, a-t-il souligné.
Interrogé pour savoir s'il avait déclaré aux autorités françaises que l'ensemble de sa famille était originaire du Kosovo, Reshat Dibrani a répondu: "Oui. Pour avoir de meilleures chances d'obtenir l'asile" en France.
M. Dibrani a néanmoins précisé que lorsque sa famille a déposé les demandes d'asile, aucun de ses membres n'avait de papiers d'identité.
"On n'avait pas des papiers d'identité. J'ai juste dit que nous étions du Kosovo", a-t-il dit.
Il a ajouté avoir décidé de se rendre en France avec sa famille après avoir appris qu'ils pourraient "obtenir des papiers d'identité français au bout de dix ans".
Installée par les autorités kosovares à la périphérie de Mitrovica, ville du nord du Kosovo, Leonarda, 15 ans, qui ne parle pas l'albanais, tout comme ses frères et soeurs, refuse d'aller à l'école. Son père lui sert d'interprète pour communiquer avec les responsables locaux.
Leonarda, qui habitait avec sa famille dans la commune de Levier dans l'est de la France, a raconté que, le 9 octobre, des policiers l'ont fait descendre du car dans lequel elle se trouvait en compagnie de ses camarades d'école avant d'être expulsée avec ses parents et frères et soeurs. Toute la famille avait été déboutée de ses demandes d'asile.
"Je n'ai aucune chance ici (ndlr: au Kosovo). Je ne connais personne, je n'ai pas de maison et si Dieu existe nous serons dans le premier avion à destination de la France", a-t-elle dit dans un entretien avec l'AFP.
AFP