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Vidéo : À Paris, Radio Erena rend hommage aux Érythréens de Lampedusa

Dix jours après le naufrage qui a fait 359 morts, dont une majorité d'Érythréens fuyant la dictature, près de Lampedusa, FRANCE 24 s'est rendue à Radio Erena, une station érythréenne basée à Paris qui rend hommage aux victimes sur son antenne.

La majorité des morts du naufrage qui a coûté la vie à 359 personnes, le 3 octobre, au large de l’île italienne de Lampedusa étaient originaires d'Érythrée. Des hommes, des femmes et des enfants qui fuyaient ce pays d'Afrique de l'Est tenu d’une main de fer par Issaias Afeworki.

Sise à Paris, une petite station de radio a informé l’Érythrée de ce drame. Radio Erena, qui émet par satellite et sur Internet en tigrigna, la langue officielle, rend chaque jour hommage aux victimes du naufrage. Là-bas, pas un média officiel n’a évoqué la tragédie.

Le régime tait le sort de sa diaspora car ces émigrés, attirés par une vie meilleure en Occident, sont considérés comme des traîtres, commente à l'AFP le rédacteur en chef de Erena, Biniam Simon. En conséquence, les médias officiels propose une "couverture honteuse" du drame de Lampedusa, précise-t-il. "Ils ont parlé ‘d'immigrés d'Afrique de l'Est morts en essayant de traverser illégalement la mer’, sans dire d'où ils venaient. C'était juste pour décourager les aspirants au départ..." Seul le ministre érythréen des Affaires étrangères a présenté ses condoléances aux familles. Depuis New York.

Grâce à Radio Erena, l'information est tout de même passée en Éythrée, assure Biniam Simon, qui n'a toutefois pas d'idée exacte de son audience. "Depuis, tout le monde est abattu à Asmara", la capitale érythréenne, poursuit-il. "Pour nous, c'est presque une affaire personnelle, l'Érythrée n'a que cinq millions d'habitants. Perdre 200 à 300 vies peut potentiellement toucher n'importe qui : les morts peuvent être votre voisin, votre collègue..." Par devoir de mémoire, Radio Erena largement couvert le drame : témoignages de rescapés, prières de prêtres de la diaspora... Elle essaie de rendre hommage de manière la plus digne possible aux victimes de ce bateau de pêche dont seuls 155 migrants sont sortis vivants.

Pour Biniam Simon, le traitement du naufrage de Lampedusa par les médias occidentaux est parfois "impropre". "Ils parlent d'immigrants illégaux, mais les Érythréens sont des demandeurs d'asile qui n'ont pas d'autres choix que de quitter leur pays", explique-t-il. Beaucoup de jeunes traversent donc subrepticement la frontière avec l'Éthiopie ou le Soudan. "Les militaires ont ordre de tirer pour tuer", rappelle Biniam Simon. Le régime exerce également des pressions sur les familles restées dans le pays : amendes, emprisonnement... Pourtant, nombreux sont ceux qui souhaitent quand même risquer la traversée. Biniam Simon a été en contact avec des Érythréens à Tripoli, en Libye. "Ils attendent d’embarquer sur un bateau de la mort, déplore-t-il. Même s’ils savent ce qui vient d’arriver à Lampedusa."

Avec dépêches