Dans un entretien publié lundi par Al-Akhbar, un quotidien libanais proche du Hezbollah, le président syrien revient sur la question des armes chimiques, et avec ironie, sur l'attribution du prix Nobel de la paix.
Le président syrien Bachar al-Assad a déclaré, sur le ton de la plaisanterie, que le prix Nobel de la paix aurait dû lui être attribué, selon des propos rapportés lundi par Al-Akhbar, un journal libanais proche du Hezbollah. "Ce prix aurait dû me revenir", a ironisé celui qui est accusé par la communauté internationale de réprimer dans le sang une révolte, visant à renverser son régime depuis mars 2011.
C'est l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), notamment chargée d'éliminer l'arsenal chimique syrien, qui a été récompensée la semaine dernière par le jury du Nobel.
Sur un ton plus sérieux, concernant la question des armes chimiques, Bachar al-Assad confie au quotidien libanais qu'il ne regrette en rien sa décision de renoncer à son arsenal chimique. Même si, concède-t-il, cette démarche constitue un échec moral et politique, dans le sens où les armes chimiques syriennes étaient une carte négociable, qui contrebalançait le nucléaire israélien.
1000 tonnes d'armes chimiques
L'opposition syrienne et les puissances occidentales ont imputé au régime syrien l'attaque aux armes chimiques du 21 août dans la Ghouta, près de Damas. L'attaque aurait fait 1 429 morts selon Washington et l'opposition syrienne. Le pouvoir syrien a démenti, mais sous la pression de la Russie, a accepté de détruire son arsenal chimique, qui serait composé de plus de 1000 tonnes d'armes chimiques.
Toujours selon l'article d’al-Akhbar, Bachar al-Assad a également évoqué son alliance avec la Russie, qui soutient le régime syrien. Le Kremlin fournirait des armes à Damas au nom d’un partenariat de longue date, qui remonterait à l'époque soviétique. "Avec ce qu'ils font, les Russes ne défendent pas la Syrie, son peuple, son régime ou son président ; ils se défendent eux-mêmes", a-t-il déclaré.
Enfin, sur le dossier diplomatique, le président syrien a rappelé la disposition de son régime à participer à Genève-2, attendu en novembre, même s’il doute qu’elle se tienne cette année.
Le chef du Conseil national syrien (CNS), Georges Sabra, a annoncé dimanche, que son groupe, le plus important au sein de la Coalition nationale syrienne, ne participerait pas à une éventuelle conférence de paix Genève-2, souhaitée par Washington et Moscou. "Cette conférence pourrait seulement avoir lieu à la demande de la Russie, soucieuse d’éloigner le spectre de la guerre", a-t-il précisé.
Dénonçant une opposition politique qui "n’a aucun pouvoir sur le terrain", Bachar al-Assad ajoute que "des groupes soutenus [au départ, ndlr] par les Occidentaux et les pays du Golfe, ne sont plus que des terroristes, et ceux-là n’ont pas de place à Genève-2", conclue-t-il.