Alors que les États-Unis ont annoncé le gel partiel de leur aide financière à l’Égypte, les autorités égyptiennes ont déploré "cette mauvaise décision". Washington a toutefois assuré que les relations n’étaient pas rompues entre les deux pays.
Après l’annonce jeudi de la suspension partielle de l’aide militaire des États-Unis, l’Égypte n’a pas caché son mécontentement. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a jugé "mauvaise" cette décision, prise par Washington en réponse à la répression, qui vise les partisans du président destitué Mohamed Morsi.
"L’Égypte ne cédera pas à la pression américaine, et continuera son chemin vers la démocratie, tel qu’il est prévu par la feuille de route", a-t-il ajouté, en évoquant le processus défini par l’armée, qui doit conduire à des élections libres.
Pour tenter d’apaiser la situation, le secrétaire d’État américain, John Kerry, s’est également exprimé, et a assuré que son pays comptait poursuivre ses relations avec l’Égypte. "Le gouvernement intérimaire comprend très bien notre engagement en faveur de son succès, que nous souhaitons, et cela n’a rien à voir avec une rupture de notre relation ou de notre détermination à aider le gouvernement", a-t-il déclaré lors d’un point presse durant son déplacement en Malaisie.
Une mesure à court terme?
Le "recalibrage" de l’aide américaine, qui représente 1,5 milliard de dollars par an, dont 1,3 milliard d’aide militaire, induit notamment l’arrêt de la fourniture d’équipements lourds et de l’assistance financière au gouvernement. Ce gel a été décidé "en attendant des progrès crédibles vers un gouvernement civil démocratiquement élu", a indiqué mercredi Jennifer Psaki, la porte-parole du département d'État.
La décision américaine était attendue depuis le début de l’été avec la destitution, le 3 juillet dernier, du président Mohamed Morsi et la répression des Frères musulmans qui avait suivi. L'administration de Barack Obama était depuis sous pression pour réduire l'aide versée chaque année au Caire. Au milieu du mois d’août, Washington avait déjà annulé des exercices militaires conjoints avec son allié régional et reporté la livraison de quatre avions de combat F-16 à l'armée.
Procès le 4 novembre
Le renversement de Mohamed Morsi,dont le procès pour "incitation au meurtre" doit s’ouvrir le 4 novembre prochain, n’a jamais été qualifié de "coup d'État" par les États-Unis. Une terminologie qui aurait légalement contraint les américains à mettre fin à leur soutien financier. Ils avaient simplement condamné une répression "regrettable", appelé à la libération de l'ex-président et réclamé des élections démocratiques en 2014.
L’armée égyptienne se voit amputée d’une perfusion américaine vitale pour son fonctionnement. Selon des responsables américains, l’armée égyptienne ne recevra plus quelques éléments importants de son armement, parmi lesquels des hélicoptères Apache, des chasseurs F-16, des missiles Harpoon ou des pièces de chars d'assaut A1/M1 Abrams.
Ces responsables précisent néanmoins que ce gel n'a toutefois pas vocation à être permanent. S’ils ont aussi souligné que ces armements valaient "des centaines de millions de dollars", ils n’ont cependant pas chiffré le montant des pertes pour l’Égypte.
Avec dépêches