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Le Parlement européen a voté un amendement permettant à la cigarette électronique de rester en vente libre. Un revers pour les lobbies pharmaceutiques qui voulaient en faire un "médicament", explique Luc Dussart, consultant en tabagisme.

La e-cigarette ne sera pas un médicament : ainsi en ont décidé les députés européens ce mardi 8 octobre après avoir débattu sur un projet de législation visant à rendre le tabac moins attractif. La cigarette électronique restera donc en vente libre.

Pour Luc Dussart, consultant en tabagisme et éditeur du site UnAirNeuf.org, un magazine en ligne qui traite de l'actualité des remèdes au tabagisme, cette décision européenne est un pied de nez aux lobbies pharmaceutiques qui, selon lui, veulent "tuer la e-cigarette".

FRANCE 24 : Peut-on parler de défaite des groupes pharmaceutiques après la décision du Parlement européen de ne pas considérer la e-cigarette comme un médicament ?

Luc Dussart : Très clairement, cette décision est une gifle pour les lobbies pharmaceutiques dans leur guerre contre la cigarette électronique. Contrairement aux substituts nicotiniques, la e-cigarette est un outil efficace pour arrêter de fumer. Preuve en est son succès [il y aurait 7 millions d’adeptes en Europe, plus d’un million en France, ndlr]. Plus cette économie va se développer, plus elle sera synonyme de perte financière colossale pour les lobbies pharmaceutiques. Ces derniers veulent continuer à vendre en pharmacie leurs "grigris" nicotiniques inefficaces.

Le combat n’est pas terminé pour autant, il y aura sûrement d’autres luttes à venir pour essayer de venir à bout de la e-cigarette. Soyons clair, le but de ces lobbies n’est pas d’en faire un médicament mais de tuer la e-cigarette. On estime que les fumeurs rapportent environ 200 milliards de dollars par an aux différentes entreprises pharmaceutiques. Elles n’ont donc pas intérêt à ce que ces fumeurs disparaissent.

F24 : Du point de vue du consommateur, pourquoi était-ce une mauvaise idée d’en faire un médicament ?

Luc Dussart : Pour deux raisons. La première, la e-cigarette en pharmacie coûterait plus chère que dans le commerce actuel en raison de son coût de production. Les pharmaciens n’auraient pas été très compétitifs en vendant un produit deux fois plus cher que sur le marché. Et puis, la cigarette électronique serait arrivée tardivement dans les pharmacies en raison des diverses contrôles sanitaires qu’elle doit subir.

Deuxièmement, d’un point de vue juridique, il y a un hic. La e-cigarette ne peut pas être un médicament puisqu’elle contient de la nicotine. Elle ne guérit pas du tabagisme. Elle reste un substitut.

F24 : Pensez-vous que le gouvernement devrait encourager la vente de e-cigarettes pour lutter contre le tabagisme ?

Luc Dussart : Je pense que le gouvernement devrait tout faire pour ne pas empêcher la vente de e-cigarettes. Ce qu’il ne fait pas. La cigarette électronique est interdite de vente aux mineurs alors que rien ne prouve, pour l’heure, que la nicotine présente dans les cigarettes électroniques rende dépendant.

Le gouvernement interdit également d’en faire sa publicité. Mais là encore, n’est-ce pas paradoxal d’empêcher de faire la promotion d’un produit qui sauve la vie ?