Les Algériens se sont rendus aux urnes, jeudi, pour une élection présidentielle dont le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, est le grand favori. Selon les chiffres officiels, le taux de participation s’élève à 74,11 %.
Au pouvoir depuis 1999, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un troisième mandat, devrait être réélu sans surprise. La seule inconnue du scrutin résidait dans le taux de participation. Le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, a annoncé, jeudi soir, que celui-ci s’élevait à 74,11 %. "Un chiffre extraordinaire", a commenté le ministre.
Les télévisions algériennes diffusaient, jeudi soir, des scènes de partisans de Bouteflika en liesse.
Les taux de participation des deux dernières élections présidentielles, qui n'avoisinaient que 60 %, et la faible mobilisation pour les élections législatives de 2007 (35 %) avait fait craindre une désertion des électeurs.
Ce "succès" est toutefois relativisé par les observateurs, qui se projettent dans l’après-élection. "Il faut surtout s’assurer de la bonne répartition des richesses sur le long terme (…). La mauvaise gouvernance coûte deux points de PIB par an", souligne l’économiste algérien Moncef Cheikh-Rouhou, interrogé par FRANCE 24.
Le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, a fait campagne en promettant "le Pérou" à une population confrontée aux problèmes du chômage et du manque de logements et d’infrastructures dans un pays qui regorge pourtant de pétrole et de gaz.
Incidents et accusations de fraudes
Yazid Zerhouni s’est également félicité des "excellentes conditions" dans lesquelles s'est déroulé le scrutin, tout en déplorant certains incidents.
Il a indiqué que des islamistes armés avaient tenté une opération à Naciria, près de Boumerdès, à 50 km à l'est d'Alger, et a dénoncé des "tentatives de perturbation" du scrutin dans la wilaya (province) de Bouira, en Kabylie.
Craignant des attentats pendant le scrutin, le gouvernement avait placé les 46 577 bureaux de vote sous haute sécurité. Plus de 12 000 policiers patrouillaient dans les rues de la capitale et des wilayas voisines.
De leur côté, les partis d’opposition accusent les autorités de fraudes. Pour le docteur Saïd Sadi, leader du mouvement d’opposition Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), les chiffres de la participation ont été gonflés artificiellement.
"Les fraudes électorales font partie du paysage politique traditionnel depuis l'Indépendance, affirme-t-il au micro de FRANCE 24. Dans le Grand Sud, on m’a rapporté que des instructions venant d’Alger ont été données aux préposés des bureaux de vote, exigeant qu’ils donnent des taux de participation avoisinant 70 %. Ceux qui ont refusé ont été chassés par la police et remplacés sur le champ."
Contacté par FRANCE 24, le candidat du parti islamique "El Islah" (la Réforme), Mohamed Djahid Younssi, accuse, lui aussi, les autorités : "Certains maires sont venus aux bureaux de vote et ont obligés leurs chefs à rajouter des bulletins dans les urnes."
Les résultats officiels du scrutin sont attendus aux alentours de 11h00, heure locale (12h00, GMT+2).