Après d'importants débordements en marge de manifestations à Strasbourg et Bastia, la ministre de l'Intérieur a annoncé des mesures pour empêcher ces violences, le fait, selon elle, de personnes "dissimulées derrière des cagoules".
Violences entre forces de l’ordre et manifestants à Strasbourg pendant le sommet de l’Otan au début du mois d'avril, à Bastia samedi dernier… Pour la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, s’en est trop. Il est grand temps de réagir aux débordements en marge des manifestations. Sa solution : interdire les cagoules dans ces rassemblements.
Elle a donc demandé à ses services de plancher rapidement sur des mesures permettant d’éviter ce genre de débordements. Un texte pourrait, à terme, être introduit dans la Lopsi, la loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure.
Dans les rangs de l’UMP, on commence à s’agiter. Didier Julia, député UMP de Seine et Marne, a le même jour, déposé une proposition de loi visant à interdire "le port de cagoules et de tout autre moyen de masquer le visage lors de manifestations ou attroupements".
Un texte directement inspiré d’une loi allemande, appliquée depuis 1985, qui interdit à tout protestataire de prendre part à une manifestation "dans un accoutrement ou avec des ustensiles destinés, ou à même d’empêcher, que soit constatée leur identité". Les réfractaires risquent au mieux une amende, au pire la prison.
Une loi difficilement applicable
La police allemande se refuse à dresser un bilan de la loi. Mais pour Olivier Tolle, directeur de la police à Berlin, son efficacité est réelle : "Grâce à l’interdiction des cagoules, nous pouvons appréhender les personnes qui se préparent à des violences […] et prendre des mesures contre elles".
Dans les faits, la loi reste difficile à appliquer. Malgré ce texte, les manifestations en marge du sommet du G8 en 2007 à Rostock (dans le Nord de l’Allemagne) avaient mal tourné : des jeunes aux visages dissimulés s’étaient violemment opposées aux forces de l’ordre dans des nuages de gaz lacrymogènes.
Des scènes qui auraient tout aussi bien pu illustrer les débordements de Strasbourg, de Bastia ou même ceux que la Grèce a connus entre décembre 2008 et mars dernier. La mort d’un adolescent à Athènes, après une bavure policière, avait provoqué plusieurs mois d’émeutes.
Le gouvernement grec a d’ailleurs récemment annoncé son intention de légiférer sur le port des cagoules. "Nous prévoyons une série de règlements pour protéger la paix sociale, notamment en classant comme cas aggravant le port d’une cagoule", avait déclaré le 17 février dernier le ministre grec de la Justice Nicos Dendias.