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Italie : Enrico Letta va demander la confiance du Parlement

Face à la crise politique provoquée par la démission de cinq ministres issus du parti de Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien, Enrico Letta, doit soumettre, mercredi, le Parlement à un vote de confiance.

À l'issue d'un entretien avec le chef de l'État, Giorgio Napolitano, le président du Conseil italien, Enrico Letta, a annoncé, dimanche 29 septembre, qu'il demanderait la confiance du Parlement pour trouver une porte de sortie à la crise consécutive à la démission de cinq ministres du parti de Silvio Berlusconi. Il a, en outre, déclaré qu’il tirerait "les conclusions qui s'imposent" si les députés la lui refusent.

Avant et après l'éclatement de la coalition gouvernementale, Giorgio Napolitano a clairement fait savoir qu'il épuiserait toutes les possibilités avant de recourir en dernier ressort à l'arme de la dissolution et de rappeler les Italiens devant les urnes, sept mois après les dernières législatives.

Soulignant que le système électoral actuel ne permettrait pas de faire émerger une majorité claire en cas de nouveau scrutin, Enrico Letta s'est, pour sa part, dit prêt à soumettre une nouvelle loi électorale au Parlement.

Le camp du "Cavaliere" divisé

Le président du Conseil a dit, par ailleurs, sentir une "hésitation" sur l'attitude à adopter parmi les élus du parti du Peuple de la liberté (PDL, centre-droit) du "Cavaliere" depuis la démission des ministres, officiellement en raison de l'augmentation d'un point du taux de la TVA, à laquelle le PDL était opposé.

"J'espère qu'une partie du PDL n'est pas d'accord avec Berlusconi", a déclaré Enrico Letta sur les antennes de la RAI, invitant implicitement les élus de centre-droit à lui accorder la confiance pour éviter à l'Italie des élections anticipées.

Silvio Berlusconi a, quant à lui, appelé de ses vœux dimanche la tenue d'élections "le plus vite possible". "Nous les gagnerons", a-t-il assuré. Mais des voix dissidentes se font entendre dans son camp. Fabrizio Cicchitto, pourtant un fidèle de longue date du magnat des médias, a publiquement regretté que son mentor n'ait pas consulté la direction du PDL avant d'ordonner le départ des ministres.

Deux ex-ministres PDL, Gaetano Quagliariello (Réformes constitutionnelles) et Beatrice Lorenzin (Santé) ont tous deux dit qu'ils démissionnaient mais qu'ils n'adhéreraient pas à Forza Italia, la formation d'origine de Silvio Berlusconi que ce dernier souhaite relancer en remplacement du PDL. L'ex-ministre PDL des Infrastructures, Maurizio Lupi, a émis, de son côté, la crainte que Forza Italia ne soit tenté par "l'extrémisme".

Crainte de désertions au PDL

Berlusconi a senti le danger de désertions dans son camp, et souligné dimanche dans une nouvelle déclaration que le PDL était prêt à voter le budget 2014 qui sera présenté prochainement au Parlement à condition que les mesures y figurant soient "réellement utiles à l'Italie".

Cette nouvelle crise est le produit de la possible éviction de Berlusconi du Sénat à la suite de sa condamnation définitive, prononcée en août par la Cour de cassation, pour fraude fiscale dans l'affaire Mediaset. Une commission sénatoriale doit se prononcer le 4 octobre sur une éventuelle déchéance du "Cavaliere".

La crise politique a relancé chez les investisseurs les questions concernant la capacité de l'Italie à adopter les réformes nécessaires pour mettre fin à deux ans de récession, une décennie de léthargie économique, une dette publique de 2 000 milliards d'euros et un taux de chômage des jeunes atteignant les 40 %.

Avec dépêches