Enrico Letta a dénoncé un "geste fou et irresponsable" après la démission de cinq ministres du parti du Peuple de la liberté (PDL) de l’ex-Premier ministre Berlusconi. Ce dernier, condamné pour fraude, risque d'être déchu de son mandat de sénateur.
Le "Cavaliere" a fait plonger l’Italie dans une énième crise politique en provoquant, samedi, la démission de cinq ministres membres de son parti politique – une décision qualifiée de "geste fou et irresponsable" par le Premier ministre Enrico Letta.
Silvio Berlusconi a estimé que ce dernier avait rompu le "pacte de coalition" qui liait jusqu'alors le PDL au Parti démocrate (PD), dont Letta est issu et qui dirige donc la coalition gouvernementale. L'ex-chef du gouvernement avait appelé les ministres de son clan à envisager une démission immédiate, et ce sur fond de grandes manœuvres dans son camp pour empêcher qu'il ne soit déchu de son mandat de sénateur.
Le "Cavaliere", condamné en août pour fraude fiscale dans l'affaire Mediaset par la Cour de cassation, pourrait être déchu par la commission sénatoriale qui doit se réunir le 4 octobre.
"Violation du pacte de gouvernement"
Le "Cavaliere" avait également fustigé la décision du président du Conseil de geler l'action du gouvernement en raison de la crise politique.
"La décision adoptée hier par le président du Conseil de geler l'action du gouvernement, entraînant de cette façon l'augmentation de la TVA, est une grave violation du pacte de gouvernement", avait-il déclaré.
Le conseil des ministres avait été convoqué vendredi par Enrico Letta afin d'ajourner l'augmentation d'un point de la TVA, prévue pour le 1er octobre et unanimement rejetée par les membres du PDL.
Mais la crise politique avait poussé le président du Conseil italien à repousser toute décision, officialisant de fait l'application de cette augmentation.
Retour aux urnes ?
L'annonce, effectuée samedi soir par le vice-président du Conseil et dirigeant de PDL Angelino Alfano, constitue le point d'orgue de la crise politique que connaît le pays ces derniers jours.
Elle vient sanctionner plusieurs désaccords politico-économiques, notamment le choix de Letta d'avoir réclamé un vote de confiance au Parlement au sujet du soutien du centre-droit à son gouvernement de coalition. Une décision qualifiée d'ultimatum "inadmissible et inacceptable" par Silvio Berlusconi.
Cinq mois après une naissance dans la difficulté, le gouvernement Letta, produit d'une large coalition, a sans doute subi un coup fatal. Les relations entre les deux principaux partis de la coalition, le PDL et le Parti démocrate, ont surtout été empoisonnées par la probable éviction de Silvio Berlusconi du Sénat.
La chute du cabinet Letta pourrait pousser le président Giorgio Napolitano à annoncer des élections législatives anticipées. À moins qu'il ne parvienne à réunir rapidement les éléments d'une nouvelle coalition.
Avec dépêches.