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Attaque de Nairobi : Israël, un allié de poids pour les forces kenyanes

Plusieurs sources font état de la présence d’Israéliens aux côtés des Kenyans pour tenter de déloger les Shebab du centre commercial de Nairobi. Une information peu surprenante, les deux pays entretenant des relations étroites depuis des décennies.

Quelques heures après le début de l'attaque contre le centre commercial Westgate Mall de Nairobi, plusieurs sources kenyanes ont évoqué la présence d'agents israéliens aux côtés des forces locales, pour tenter de maîtriser le commando islamiste somalien shebab. "Les Israéliens viennent d'entrer et ils secourent les otages et les blessés," déclarait ainsi à l'AFP, dimanche, une source sécuritaire kenyane sous couvert d'anonymat.

Le correspondant de FRANCE 24 à Jérusalem rapporte lui aussi qu’une source sécuritaire israélienne lui a confirmé la présence d’Israéliens sur place, "des experts qui ne jouent qu’un rôle de conseil pour le moment".

Une information non infirmée ni confirmée par le gouvernement de l’État hébreu, qui, fidèle à sa ligne de conduite, n'a fait aucun commentaire sur cette affaire. "Nous n'avons pas pour habitude de commenter une quelconque opération conjointe de sécurité qui pourrait ou non être en cours", indiquait simplement dimanche, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Paul Hirschson.
Des relations économiques, militaires et sécuritaires
S'il n'est guère étonnant de voir Israël prêter main forte au Kenya, c'est que les deux pays entretiennent d’étroites relations économiques et militaires depuis plusieurs décennies. "Le Kenya, base avancée d’Israël en Afrique", titre d'ailleurs ce lundi le quotidien "Haaretz". Le journal rappelle que l’État hébreu a vendu ces dernières années une quantité considérable d'armes au Kenya, tout en lui prodiguant son savoir-faire militaire. "Des centaines de soldats kényans ont ainsi reçu une formation en Israël pour lutter contre le terrorisme ou ont été formés au Kenya par des instructeurs officiels ou semi-officiels israéliens", note "Haaretz".
Ces liens, notamment militaires et sécuritaires, qui ont parfois été officieux, ont pris leur essor dans les années 1970, au milieu de la guerre froide, à l’instar des relations israélo-éthiopiennes. Ils se sont renforcés au fil des années dans le cadre de la montée du terrorisme en Afrique de l'Est. Ainsi, en juin 1976 à Entebbe (Ouganda), lors de la prise d'otages d’une centaine de passagers en provenance de Tel Aviv, les autorités kenyanes avaient permis aux commandos israéliens de faire escale à Nairobi, devenue alors une base logistique, pavant la voie au succès de l’opération de sauvetage.
La coopération a franchi un nouveau cap en 2002, à la suite d’un attentat suicide revendiqué par Al-Qaïda contre un hôtel fréquenté par des touristes israéliens, près de la ville côtière de Mombasa.
Un partenariat stratégique
"Israël est un partenaire géostratégique clé", affirmait en 2007 le directeur général du ministère des Affaires étrangères kenyan, Tom Amolo, à un diplomate américain, selon un câble dévoilé par le site Wikileaks. "Il s’agit d’un contrepoids approprié pour nous face à certains États de la région qui ne respectent pas nos valeurs", avait-il ajouté en référence au Soudan voisin, proche des mouvances islamistes honnies par Nairobi.
En 2011, l’ancien Premier ministre kenyan Raila Odinga, de retour d’une visite en Israël, déclarait que son pays avait obtenu l’appui de l'État hébreu pour constituer une "coalition contre le fondamentalisme en Afrique de l’Est, incorporant son pays, l’Éthiopie, le Sud- Soudan et la Tanzanie". Dans un communiqué, il avait cité son homologue israélien Benjamin Natanyahou répétant que "les ennemis du Kenya sont les ennemis d’Israël", ajoutant que les deux pays faisaient face à "des forces similaires qui complotent pour provoquer notre perte, je vois cela comme une opportunité pour renforcer nos liens".
Le responsable kenyan avait, en outre, indiqué qu’il avait obtenu le soutien des Israéliens pour l’aider "à débarrasser son territoire des éléments fondamentalistes". À l’époque, des sources officielles indiquaient que Tel Aviv avait accepté de fournir à Nairobi des drones, des vedettes rapides, des véhicules blindés et du matériel de surveillance électronique.
Pour Israël, l’enjeu est de stabiliser la Corne de l’Afrique, en participant à la lutte contre les activités de groupes islamistes liés à Al-Qaïda. La région représente en effet un intérêt stratégique pour l’État hébreu : l'accès au golfe d’Aden et à l’océan Indien.