Malgré l'interpellation de 200 manifestants, les jeunes anticommunistes moldaves ne s'avouent pas vaincus. Grâce à une utilisation massive des nouvelles technologies, ils parviennent à contourner la répression des autorités.
Lundi, mardi et mercredi, les jeunes Moldaves ont protesté par milliers contre la victoire écrasante du Parti communiste aux législatives de dimanche dernier. Après une journée de pause, jeudi, afin de se remettre de la répression, ils comptent remettre le couvert, ce vendredi. À chaque fois, les manifestants se donnent rendez-vous par SMS ou Internet. Une révolte désormais appelée la "révolution Twitter"...
Huit ans après le retour des communistes au pouvoir, la jeunesse moldave ne supporte plus de vivre dans le pays le plus pauvre d’Europe. "On veut la démocratie et le développement, comme un pays normal", expliquait lundi Irina, la vingtaine, interrogée par FRANCE 24.
"Ils ont conscience de ce qui se passe à l'étranger, de l'humiliation représentée par le fait d'être la population la plus pauvre d'Europe. Tout cela, ils l'imputent aux communistes", explique Mihaï Fusu, un célèbre metteur en scène.
Pour maintenir la mobilisation malgré la répression, les mouvements de jeunes anticommunistes poursuivent leur campagne en utilisant abondamment les nouvelles technologies, comme les SMS, le réseau social Facebook, ou le site de "micro-bloggage" Twitter.
Par l'intermédiaire de ces nouveaux médias, ils ont notamment fait passer le mot d'ordre d'un nouveau rassemblement vendredi matin. Cette stratégie leur avait déjà permis de réunir, à la surprise générale, quelque 10 000 manifestants, mardi.
"Dès le début, il y a eu un envoi massif de SMS. Du coup, les autorités moldaves ont coupé les communications des portables par intermittence", explique Florent Parmentier, chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (Ceri).
Des moyens d'échapper au contrôle de l'information
"J'ai reçu ces SMS lundi puis tous les jours suivants, à raison de deux ou trois par jour. Mes amis me les ont envoyés, puis je les ai fait suivre à d'autres contacts, pour les appeler à des rassemblements", explique Vasile, un lycéen qui a manifesté sur la place centrale de Chisinau pendant trois jours.
Les premiers rassemblements, notamment, ont été organisés grâce à la création de dizaines de groupes sur Facebook, comme "Support for the anti-communist protests in Moldova !", qui compte plus de 6 000 membres à ce jour.
"Dans un pays où les médias sont contrôlés par un seul parti, les gens cherchent d'autres solutions au manque d'informations. La création de ce genre de groupe est un moyen de diffuser l'information parmi la population. Elle permet, en outre, d'atteindre des milliers de personnes", explique Victor Guzun, modérateur du groupe "À bas les communistes", sur Facebook.
"Ils utilisent ce site comme un moyen de communication", explique Florent Parmentier, qui raconte que Dorin Chirtoaca, le maire de Chisinau, par ailleurs vice-président du Parti libéral, compte désormais plus de 3 000 "amis" sur le site de socialisation. Le chercheur assure que, sur sa page, le jeune maire et chef de l'opposition a, lui aussi, lancé des appels à manifester. Une accusation que l'intéressé dément.