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Le délicat redressement de l'épave du "Costa Concordia" a débuté

Le redressement de l'épave du "Costa Concordia", le bateau de croisière qui avait fait naufrage près de la côte italienne en janvier 2012, a commencé lundi matin et doit se terminer mardi à l'aube. Une opération qui s'annonce délicate.

L’épave du "Costa Concordia", restée 20 mois échouée sur le port de l’île du Giglio, en Toscane, va enfin pouvoir être redressée. Les opérations, qui ont commencer à 6 heures du matin (4 heures GMT) lundi 16 septembre, doivent se poursuivre jusqu'à mardi à l'aube. Plusieurs touristes se sont déplacés en Italie pour assister à l’événement : c’est la première fois qu’un tel exploit est réalisé sur un bateau aussi grand - long de près de 290 mètres, haut comme un immeuble de dix étages - et positionné de cette façon - le flanc droit couché sur des rochers.

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Rappel des faits

L’île du Giglio a été "coupée du monde" pour l’occasion, indique la correspondante de FRANCE 24, Natalia Mendoza. "Le trafic des ferry ainsi que de l’espace aérien ont été suspendus aujourd’hui", précise la rep. Quelque 400 journalistes du monde entier sont venus suivre l'événement. En janvier 2012, le naufrage du Costa Concordia avait fait 32 morts.

Selon les autorités italiennes, le vent et "la hauteur des vagues" restent "compatibles" avec "les valeurs maximales prévues pour la faisabilité de la rotation". "Nous allons prouver que tout ce que nous avons imaginé, pensé, calculé, se passera comme prévu", a promis Franco Gabrielli, le chef de la protection civile italienne.

Incertitudes

Même optimisme du côté du groupe Costa, propriétaire du navire, et sa maison-mère américaine Carnival, à qui revient le paiement de cette opération gigantesque (plus de 600 millions d'euros à ce jour). "Toutes les vérifications en amont ont été faites et tout a été fait pour que l'opération réussisse", a assuré Franco Porcellachia, chef de projet de Costa, tout en admettant qu'il est "difficile d'envisager toutes les hypothèses, étant donné qu'il n'y a jamais eu de précédent".

En effet, des craintes et des incertitudes demeurent, notamment sur la coque du paquebot : "Personne ne connaît l’ampleur des dommages de cette partie du navire, actuellement inaccessible", rapporte Natalia Mendoza. Même si les responsables du projet se veulent rassurants, " il y a toujours cette possibilité qu’ils ne parviennent pas à pivoter cette gigantesque carcasse" ajoute-t-elle.

Le navire, complètement couché sur le flanc droit, a été stabilisé grâce à des centaines de sacs de ciment placés par des plongeurs au fond de la mer, et par une plate-forme, de la taille d'un terrain de football, forée dans le sous-sol marin, sur laquelle viendra reposer l'épave. Le bateau amorcera la rotation – qui doit durer 10 à 12 heures -, tiré par d'énormes câbles d'acier reliés à des tourelles installées pour l'occasion. Puis à partir d'un certain degré, ce sera la force de gravité qui lui donnera la position verticale. Et ce n'est que dans quelques mois que la carcasse de cet ex-palace flottant sera renflouée et remorquée loin du Giglio.

Risque environnemental

Le risque environnemental est lui aussi présent dans les esprits : "Certains craignent qu’en bougeant l’épave, celle-ci ne libère des éléments toxiques qui viennent polluer des eaux qui font partie de la plus grande réserve marine de l’Europe", rapporte l’envoyée spéciale de FRANCE 24. Des barrières marines flottantes anti-pollution ont donc été déployées autour de l'épave et un dispositif a été prévu pour pomper éventuellement les liquides toxiques qui pourraient s'échapper du bateau au cours de l'opération.

L’homme qui supervise les travaux est Nick Sloane, le spécialiste mondial des renflouements : ce Sud-Africain est à la tête d’une équipe de 500 personnes de 30 nationalités différentes travaillant 24h/24. Il a tenu à remercier la population de l’île qui a été "compréhensive" ces derniers 18 mois. Les habitants sont en effet impatients de retrouver leur jolie vue depuis le petit port, gâchée par ce monstre metallique depuis près de deux ans.

Avec dépêches