
Le réseau de microblogging a amorcé, jeudi, le processus d'entrée en Bourse. Mais Twitter est-il une affaire qui marche financièrement ? Faute de données officielles, les observateurs en sont réduits à des suppositions.
140 caractères, c'est bien, mais des milliards de dollars c'est mieux. À l’heure où Twitter a franchi, jeudi 12 septembre, la première étape vers une introduction en Bourse, l'aspect financier de la success-story du réseau de microblogging est scruté de très près. D'autant plus que le souvenir de l'entrée en Bourse plus que chaotique de Facebook, en mai 2012, est toujours dans les mémoires.
Mais pour se faire une opinion sur la santé de la société californienne, les investisseurs n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Contrairement à Facebook, LinkedIn et les autres start-up de la “nouvelle économie” à avoir tâté de la Bourse ces dernières années, Twitter n’a pas encore eu à rendre public ses résultats financiers. Le réseau social a pu se soustraire à la curiosité des analystes financiers grâce une récente loi votée en juin 2012 qui permet aux groupes de garder confidentiels les détails qu’ils transmettent en vue de leur introduction en Bourse à la Security Exchange Commission (SEC - le gendarme américain de la Bourse).
1,16 milliard de dollars levés
Reste que certains points sont, tout de même, connus. D’abord, le chiffre d’affaires de Twitter ne dépasse pas le milliard de dollars. Le groupe aurait, sinon, été obligé de rendre public les documents fournis à la SEC. Ensuite, le réseau social compte, à l’heure actuelle, 500 millions d’utilisateurs soit deux fois moins que Facebook mais aussi deux fois plus que le réseau professionnel LinkedIn. Mais tout ce petit monde n’utilise pas Twitter régulièrement et le site américain TechCrunch souligne qu’un peu plus de 170 millions d’internautes sont actifs et susceptibles de voir des publicités, le nerf du modèle économique de Twitter.
Depuis sa création en mars 2006, le site de microblogging a reçu 1,16 milliard de dollars de la part d'investisseurs. Lors du dernier tour de table pour lever des fonds, en septembre 2011, Twitter a obtenu 400 millions de dollars. Au total, une quinzaine de personnes, comme le fondateur d’Amazon Jeff Bezos, et d’institutions, à l'image de la banque Morgan Stanley, ont mis de l’argent dans le groupe et espèrent, à l’occasion de l’introduction en Bourse, récupérer leur mise et faire un profit au passage.
Fils de pub
Combien Twitter peut-il espérer lever d’argent à l’occasion de son introduction en Bourse pour à la fois satisfaire les investisseurs de la première heure et se constituer un trésor de guerre pour la suite ? Les analystes hésitent entre 10 et 15 milliards de dollars. Sur des marchés privés spécifiques, tels que secondmarket.com, où des investisseurs peuvent acheter et vendre des parts de start-up qui ne sont pas encore cotées, l’action de Twitter s’échange aux alentours de 26 dollars. Ce qui vaut au réseau social une valeur boursière potentielle d’un peu plus de 13 milliards de dollars, rappelle le "Financial Times". Pur mémoire, en janvier dernier, Twitter n’était évalué qu’à 9 milliards de dollars.
Le réseau social excite donc l’appétit des boursicoteurs. Pourtant, à part une poignée de personnes tout en haut de la hiérarchie de Twitter, personne ne sait si la société dégage un profit et si ses efforts pour générer de la publicité sont payants. Le cabinet américain spécialisé dans le marketing sur l’Internet EMartketing prévoit que Twitter devrait générer un peu plus de 500 millions de dollars grâce à la publicité en 2014. Une prédiction qui peut sembler impressionnante pour une société qui n’aura alors que huit ans d’existence. Cependant, cela reste peu comparé à d’autres géants de l’Internet : Google a dépassé le milliard de dollars de revenus publicitaires cinq ans après sa création et Facebook a atteint ce seuil en six ans.