Réuni à Buenos Aires, le Comité international olympique annoncera samedi quelle ville accueillera les Jeux olympiques d'été en 2020. Parmi Istanbul,l'historique, Tokyo la moderne et Madrid l'économe, le vote est très ouvert.
À quelques heures du vote dont les résultats seront annoncés à 20 h 00 GMT (22 h 00, heure de Paris), les villes candidates pour organiser les Jeux olympiques d’été 2020 abattent leurs dernières cartes de séduction face aux membres du Comité international olympique réunis en Argentine, à Buenos Aires.
Même si les bookmakers placent pour l’instant Tokyo en tant que favori, Madrid et Istanbul sont toujours dans la course. Sur le plan technique, chacune de ses villes a été jugée parfaitement capable d’organiser le plus grand événement sportif planétaire. Sur le plan symbolique, elles se démarquent en revanche avec des atouts très différents. Alors qu’Istanbul mise sur sa position géographique entre l’Asie et l’Europe, Tokyo souhaite tourner la page après le terriblement tremblement de terre de 2011, tandis que Madrid fait le pari de séduire avec des Jeux olympiques à l’économie drastique.
Istanbul, un pont entre deux continents
Atouts : La ville turque présente sa candidature pour la cinquième fois après les échecs des Jeux d’été de 2000, 2004, 2008 et 2012. Pour convaincre le CIO, "la sublime porte" mise avant tout sur son histoire et sa position géographique exceptionnelle entre deux continents. Comme l’annonce le slogan de la candidature "Bridge together", cette ville très touristique se situe à cheval entre l’Asie et l’Europe. Le marathon pourrait ainsi débuter dans la partie asiatique de la ville, traverser le pont sur le Bosphore et se terminer du côté européen.
En cas de victoire, la Turquie deviendrait également le premier pays à majorité musulmane à accueillir des Jeux olympiques. Cette victoire très symbolique permettrait de conquérir de nouveaux publics.
D’un point de vue économique, Istanbul peut compter sur sa bonne santé. La Turquie a vu son produit national brut multiplié par trois en 10 ans et pointe au 16e rang des puissances économiques mondiales. Le pays compte ainsi investir massivement. La facture totale, la plus chère des trois candidatures, est ainsi estimée à 16,9 milliards d’euros et comprend d’importants investissements en termes d’infrastructures, notamment dans les transports.
Faiblesses : Les embouteillages sont en effet l’une des grandes faiblesses de la candidature stambouliote. Avec 14 millions d’habitants, Istanbul est quotidiennement engorgée. Pour pallier ce problème, la ville a déjà lancé une nouvelle ligne de métro, la construction d’un troisième pont et le projet d’un troisième aéroport.
Le récent mouvement de protestation anti-gouvernemental qui a touché Istanbul a aussi égratigné la réputation de la Turquie au niveau international. Après les mouvements de colère citoyenne qui ont aussi eu lieu au Brésil pour dénoncer le coût du Mondial-2014 et des Jeux 2016, le CIO pourrait craindre de confier les JO à un pays où les revendications sociales sont très fortes. La proximité de la Syrie, pays déchiré par une guerre civile, ne joue pas non plus en faveur de la Turquie.
itTokyo, la moderne
Atouts : La capitale japonaise a déjà organisé les Jeux en 1964, une compétition qui est encore considérée comme l’une des plus réussies de l’histoire du mouvement olympique. Le pays du soleil levant a également déjà accueilli deux éditions d’hiver des JO en 1972 à Sapporo et en 1998 à Nagano.
Cinquante six ans après sa première organisation, Tokyo veut reprendre une partie des sites déjà utilisés en 1964 sur un site baptisé "patrimoine" et un autre plus moderne sur le front de mer. Son projet, qui reprend pour l’essentiel celui défendu pour sa dernière candidature en 2016, propose ainsi des jeux très compacts dont la facture est quasiment déjà couverte par un fonds spécial de 4,5 milliards de dollars mis en banque.
Face à Madrid et Istanbul, Tokyo joue également la carte de la sécurité en affirmant qu’elle ne connaît pas la délinquance ou les troubles sociaux. Elle offre par ailleurs un réseau de transports extrêmement efficace.
Deux ans après le terrible séisme qui a secoué le pays, le Japon veut surtout toucher la corde sensible des membres du CIO. Pour les responsables de la candidature, une victoire de Tokyo permettrait de redonner de l’espoir au peuple japonais.
Faiblesses : Mais les conséquences du tremblement sont aussi l’un des points faibles de la cité impériale. Les récentes révélations sur les fuites d’eau radioactives émanant de la centrale nucléaire de Fukushima, située à 230 km de Tokyo, préoccupent la communauté internationale. Pour tenter d’apaiser les craintes du CIO, le gérant de la centrale Naomi Hirose, président de Tokyo Electric Power (Tepco), a même dû s’exprimer dans un message : "Nous pensons que l'impact est limité à la zone du port de la centrale nucléaire".
itMadrid, l’économe
Atouts : La capitale espagnole n’a jamais organisé les JO, mais elle s’est déjà présentée à trois reprises pour les éditions de 1972, 2012 et 2016. Pour convaincre les membres du CIO, Madrid mise sur une candidature prônant des Jeux de l’austérité. Frappé de plein de fouet par la crise économique, le pays veut montrer qu’il est capable d’organiser des JO sans dépenses inconsidérées. Alors que les Jeux de Sotchi en 2014 s’annoncent comme les plus chers de l’histoire, le comportement économe de Madrid pourrait faire mouche.
Pour arriver à une facture drastique estimée à moins de 4 milliards d’euros, l'organisation madrilène compte sur des infrastructures déjà existantes (80 % des sites prévus) et sur des jeux très compacts (tous les sites se trouvent à moins de 10 km du centre ville).
Afin de séduire le CIO, Madrid peut aussi s’appuyer sur des ambassadeurs de choix. Le prince Felipe et son épouse Letizia sont présents à Buenos Aires. Des sportifs de haut niveau comme le tennisman Rafael Nadal, le footballeur Lionel Messi et le basketteur Pau Gasol ont également apporté leur soutien à la ville.
Faiblesses : Même si son projet s’annonce comme raisonnable financièrement, Madrid pâtît toujours de la situation économique de l'ensemble du pays. L’Espagne affiche toujours plus de 26 % de chômage, même si ce dernier est en recul depuis quelques mois.
Les récentes affaires de dopage font aussi apparaître le pays comme un mauvais élève en matière de contrôle. Lors de l’affaire Puerto, la justice espagnole avait en effet décidé de faire détruire toutes les fioles de sang saisies dans l'officine du Dr Eufemiano Fuentes. Le CIO espère que l’Espagne se conformera dans le futur aux exigences de l'Agence mondiale antidopage.
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