
Au cours du débat parlementaire sur une intervention militaire française en Syrie, le président de l'UMP, principal groupe d'opposition à l'Assemblée nationale, a exprimé son refus à une "riposte" contre Bachar al-Assad, hors du cadre de l'ONU.
S'il a condamné l'"acte barbare, sauvage et inhumain" de l'usage des armes chimiques près de Damas le 21 août, Christian Jacob, chef du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a critiqué "une impasse diplomatique et militaire" du gouvernement et du président, mercredi 4 août lors du débat parlementaire sur la Syrie.
"La France peut-elle sérieusement, sans aucun allié européen, se lancer tête baissée dans une aventure de la sorte ? Nous ne le pensons pas", a lancé le président du groupe UMP, évoquant plus tard une France "isolée comme elle ne l'a jamais été, spectatrice de ce qui se passera le 9 septembre à Washington", alors qu'elle devrait être "alliée" mais non "alignée" sur les États-Unis.
François Hollande "ne doit pas s'étonner de se voir réclamer un vote"
Martelant que "le président de la République n'a pas reçu mandat de s'affranchir du cadre des Nations unies", Christian Jacob a prévenu que "si, d'aventure il venait à prendre cette lourde responsabilité, les députés de l'UMP ne le soutiendraient pas."
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"François Hollande a convoqué le Parlement avant d'avoir pris quelque décision que ce soit. Qu'il ne s'étonne pas de se voir réclamer un vote. Avec cette convocation à contre-temps, il a pris le risque d'affaiblir la fonction présidentielle qui ne s'accommode pas d'indécision, d'atermoiement et de suivisme. Il a pris le risque d'affaiblir également l'Assemblée car les Français ne comprennent pas que leurs députés ne donnent pas le feu vert ou rouge à cette intervention", a estimé Christian Jacob. Et de marteler : "Vous ne pourrez échapper, d'une manière ou d'une autre, à un vote formel de l'Assemblée nationale."
Trois refus
Le député-maire de Provins (Seine-et-Marne) a aussi rappelé les deux préalables posés par son groupe à une intervention : "La publication du rapport de l'ONU sur l'utilisation des armes chimiques" et "une base juridique à intervenir et la légitimité d'un mandat de l'ONU".
Affirmant que les élus de son groupe avaient "ressenti une intense émotion en découvrant les images insoutenables de civils, d'enfants et d'adultes suffoquant avant de mourir", il a cependant considéré que c'est "à l'ONU seule de nous dire comment et par qui des gaz ont été utilisés".
Et "c'est le cœur lourd au regard de la cause qui pourrait justifier une riposte que nous exprimons trois refus : refus d'une action strictement militaire sans buts réels de guerre au-delà d'un coup de semonce ou d'une punition ; refus surtout d'une intervention isolée sans légitimité internationale ; refus enfin d'un renoncement, voire à certains égards d'un reniement de notre politique étrangère."
Autres voix à droite
Pour leur part, les centristes de l'UDI (Union des démocrates et indépendants), ont également posé leurs conditions à une intervention militaire. "Sans une coalition très large, sans la protection totale de nos compatriotes et de nos intérêts, sans un soutien d'un certain nombre d'Européens, sans l'accord de la Ligue arabe, sans un soutien de l'ONU soit par le Conseil de sécurité, soit par l'Assemblée générale en vertu de la résolution 377, et avant tout rapport validé par l'ONU, des frappes ne nous semblent pas possibles", a affirmé le député UDI du Nord, Jean-Louis Borloo.
Le Front national, qui n'est représenté à l'Assemblée que par deux députés, est lui vent debout contre le principe même d'une intervention. En interview sur BFMTV, Marine Le Pen a même soupçonné le gouvernement de "construire des preuves".
Avec dépêches