Lors d'une session du Parlement britannique, le Premier ministre David Cameron a rencontré une forte opposition des travaillistes sur l'intervention en Syrie. Ces derniers refusent d'adopter tout texte en faveur d'une action immédiate.
Londres est apparue, jeudi 29 août, comme l’épicentre du scepticisme politique en ce qui concerne l’intervention occidentale en Syrie. Lors d’un débat au Parlement, retransmis en direct à la télévision, le Premier ministre britannique, David Cameron, a fait face à la fronde des députés travaillistes ainsi que celle de plusieurs dizaines d'élus conservateurs, opposés à une action militaire immédiate contre le régime de Bachar al-Assad. L’opposition travailliste a ainsi refusé de voter tout texte proposé par David Cameron en faveur d'un recours à la force tant que les résultats de l'enquête des Nations unies sur l'utilisation d'armes chimique en Syrie n'étaient pas connus.
Tirer les leçons de l'Irak
Barack Obama se réserve le droit d'agir unilatéralement contre le régime syrien pour le punir d'avoir utilisé ses armes chimiques, sans attendre l'ONU ou ses alliés comme la Grande-Bretagne, a laissé entendre jeudi la Maison Blanche.
Le président américain, qui a parlé mercredi de "coup de semonce" nécessaire contre le gouvernement de Bachar al-Assad, donnera priorité aux intérêts des États-Unis au moment de décider de la réaction de son pays, a développé son porte-parole adjoint, Josh Earnest.
"Nous devons tirer les leçons de l'Irak parce que les gens se souviennent des erreurs qui y on été commises et je ne veux pas que ces erreurs se répètent", a clamé le numéro un du Parti travailliste, Ed Miliband. Le leader de l’opposition faisait référence à l’invasion par les États-Unis et le Royaume Uni de l’Irak, en 2003, motivée par la présence d’armes de destruction massive dans le pays, qui n’ont jamais été trouvées.
"Dans le pays, tout comme à la Chambre des communes, nous ne voulons pas d'une telle attaque", a pour sa part lancé le député conservateur Andrew Bridgen, opposant de la première heure à une action militaire immédiate.
Selon un sondage YouGov publié jeudi, 51 % des personnes interrogées sont hostiles à une attaque de missiles contre le régime de Damas et seulement 22 % y sont favorables.
David Cameron compréhensif
Si, dans les faits, David Cameron peut se passer du feu vert du Parlement pour ordonner une intervention en Syrie, une telle prise de position lui serait politiquement préjudiciable. Le chef du gouvernement conservateur a ainsi bel et bien dû prendre en compte les oppositions des députés. "J'ai bien à l'esprit les leçons des conflits précédents, en particulier les profondes inquiétudes suscitées dans le pays par ce qui s'est passé en Irak", a-t-il déclaré, disant "comprendre le scepticisme" de la population britannique.
Par ailleurs, le Premier ministre britannique avait déjà accepté de ne lancer aucune opération tant que le Conseil de sécurité des Nations unies n'aura pas pris connaissance du rapport des experts de l’ONU actuellement à Damas, lesquels doivent quitter la capitale syrienne samedi.
Avec dépêches