Le peintre russe Konstantin Altounine a dû fuir la Russie après avoir peint le président Vladimir Poutine en nuisette rose. L'œuvre n'a pas eu l'heur de plaire aux autorités russes, qui ont fermé un musée et saisi plusieurs tableaux de l'artiste.
À chaque provocation artistique, les autorités russes répondent par la force. Après les jeunes femmes du groupe contestataire Pussy Riot, c'est le peintre russe, Konstantin Altounine, qui a subi les foudres de la police. Il a dû fuir son pays et s'est réfugié en France, mercredi 28 août.
L'artiste plasticien a dépeint le président russe Vladimir Poutine et son Premier ministre Dmitri Medvedev en sous-vêtements féminins, et portraituré le député Vitali Milonov, auteur de la loi controversée pénalisant la propagande homosexuelle devant des mineurs, aux côtés d'un drapeau arc-en-ciel, symbole de l'homosexualité. Une troisième toile, intitulé "Le Parti communiste de l'Union soviétique dans l'Église orthodoxe", met en avant un criminel arborant deux tatouages : le visage du patriarche russe Kirill et l'effigie de Staline.
Alerté par un citoyen qui a estimé que ces tableaux étaient en infraction avec la législation russe, la police a saisi quatre œuvres du peintre exposées au petit musée privé, "Musée du pouvoir", à Saint-Pétersbourg. Les policiers étaient venus au musée armés de kalachnikov, a raconté à l'AFP Alexandre Donskoï, fondateur de l'établissement inauguré à la mi-août, en plein centre de l'ancienne capitale impériale. "Ils nous ont recommandé de ne pas faire de bruit autour de cette histoire à la veille du sommet du G20" qui aura lieu à Saint-Pétersbourg début septembre, rapporte encore Alexandre Donskoï.
Apprenant que les forces de l'ordre l'attendaient également à son domicile, Konstantin Altounine a quitté précipitamment la Russie mardi et a rejoint la France mercredi.
Loi sur la propagande homosexuelle devant mineurs
Les experts examinent actuellement les toiles saisies, sans préciser quelles lois russes cette exposition aurait pu violer. La direction du musée pense que les autorités pourraient s'en référer à la loi, récemment votée, qui interdit toute propagande homosexuelle devant des mineurs. Vitali Milonov, l'auteur de la loi, "a visité l'exposition il y a quelques jours puis est revenu [mardi] soir avec la police", témoigne Alexandre Donskoï à l'AFP.
Cité par les médias locaux, le député Milonov a expliqué qu'il ne voulait pas être peint "avec un drapeau brandi par des pervers et des sodomites séropositifs". Sur la radio Echo de Saint-Pétersbourg, l'homme politique a ajouté qu'il avait ainsi "sauvé" l'administration du musée de ceux qui voulaient "leur casser la gueule". "Il y a trop de punaises, il est temps de les exterminer", a-t-il ajouté faisant allusion aux libéraux et aux homosexuels.
Avec dépêches