
Le nouveau président du Medef, Pierre Gattaz, a ouvert l’université d’été de la plus grande organisation patronale de France en infligeant une volée de bois vert au gouvernement, qui a dévoilé mardi les détails de la réforme des retraites.
"Notre pays va droit dans le mur". Le tout nouveau patron des patrons, Pierre Gattaz, a ouvert l’université d’été du Medef, mercredi 28 août, sur le campus d’HEC à Jouy-en-Josas, en tapant du poing sur la table. La cause de son courroux : la réforme des retraites présentée la veille par le gouvernement Ayrault.
"Monsieur le président de la République, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, si vous ne prenez pas les bonnes décisions, la France s'enlisera dans le marasme, verra ses jeunes et ses talents continuer de quitter le pays, ses entrepreneurs et ses forces vives se désespérer", a déclaré, alarmiste, le successeur de Laurence Parisot, élu en juillet à la tête de la plus grande organisation patronale de France.
Pour le président du Medef, il faut "supprimer l’ISF, […] la taxe à 75% sur les hauts revenus qui font tant de dégâts en France, en Europe, à l’international, pour notre image et pour l’attractivité de notre pays".
À l’issue de deux journées de concertation avec le patronat et les syndicats, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé mardi 27 août une augmentation des contributions salariales et patronales de 0,15 % en 2014, puis de 0,05 % au cours des trois années suivantes. Parallèlement, la durée de cotisation devrait s’allonger d’un trimestre tous les trois ans, pour atteindre 43 ans en 2035, contre 41,5 ans aujourd’hui.
Un discours très offensif
Un discours très offensif
Une aberration, aux yeux de Pierre Gattaz, qui avait pourtant salué lundi la volonté de Jean-Marc Ayrault de s’attaquer au coût du travail. Il a estimé mercredi que le marché de l’emploi en France souffrait d’un coût du travail beaucoup trop élevé. "Tout le monde sait qu'on va devoir revenir sur cette réforme dans quelques mois", a fustigé Pierre Gattaz, qui a par ailleurs rappelé qu’il fallait encore combler "le déficit cumulé du système de retraites de 200 milliards en 2020."
"Le discours de Pierre Gattaz a été très offensif contre les propositions de la réforme des retraites de Jean-Marc Ayrault. On s’oppose ici [au Medef] absolument à la hausse des cotisations", commente Stéphanie Antoine, journaliste spécialisée en économie à FRANCE 24, qui assiste à l’université d’été du Medef. "Ici, ce qu’on dit, c’est ‘0,1 point de cotisation en plus, c’est 5000 chômeurs en plus’".
Selon Stéphanie Antoine, Pierre Gattaz a exhorté les ministres à se mobiliser pour l’emploi. "Pour le président du Medef, trois mesures sont nécessaires [pour relancer l’emploi] : baisser les cotisations sociales de 50 milliards d’euros, baisser la fiscalité des entreprises de 50 milliards d’euros et simplifier les procédures".
Le nouveau patron des patrons aura l'occasion d’exposer directement ses vues au ministre de l'Économie Pierre Moscovici, attendu jeudi à l’université d’été du Medef pour un débat sur le thème "Faire gagner la France".
D’autres membres du gouvernement sont attendus, notamment Arnaud Montebourg (Redressement productif), Bernard Cazeneuve (Budget), Fleur Pellerin (PME, Innovation, Économie numérique) et Sylvia Pinel (Artisanat, Commerce, Tourisme).
Avec dépêches