À la suite de pressions exercées par l'Occident, Kaboul envisage de réviser une loi accusée de bafouer le droit des femmes afghanes chiites. Le projet, qui n'a pas été publié, stipulait notamment qu'elles ne peuvent se refuser à leur mari.
AFP - Une loi que des Etats occidentaux accusent de bafouer la liberté des femmes de la minorité chiite en Afghanistan mais qui n'a pas encore été promulguée soulève des "problèmes", a reconnu mardi le porte-parole du président Hamid Karzaï.
"Nous devons admettre qu'il y a des problèmes", a déclaré Humayun Hamidzada lors d'une conférence de presse, parlant ensuite à l'AFP de "problèmes techniques" sans se prononcer sur le fond du texte, en cours de révision selon lui.
"Nous révisons cette loi de manière à régler les problèmes techniques mais aussi ses aspects légaux", a-t-il conclu.
Le "Statut personnel des chiites" a été signé par le président Hamid Karzaï en mars, mais les lois ne peuvent entrer en application que lorsqu'elles sont publiées au journal officiel du gouvernement, ce qui n'a pas encore été fait.
"Le ministère de la Justice est en train d'étudier le texte pour s'assurer qu'il ne déroge pas aux engagements du gouvernement afghan au regard des conventions internationales sur les droits de la Femme, et de l'Homme en général", avait plaidé lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Sultan Baheen.
"S'il y a un quelconque problème, le ministère amendera le texte et le renverra devant le Parlement", avait-il conclu pour couper court au flot des critiques.
L'émoi de certains pays occidentaux comme le Canada, les Etats-Unis, la France et l'Allemagne, ainsi que de l'Union européenne, avait été provoqué par certaines dispositions de la loi rendues publiques, sans que l'on sache s'il s'agissait du texte initial proposé au Parlement par les députés chiites ou d'une version amendée et signée par M. Karzaï.
Le texte que l'AFP avait pu consulter la semaine dernière stipulait qu'il était "de la responsabilité de l'épouse d'être prête à satisfaire sexuellement son mari et de ne pas quitter la maison sans autorisation, sauf en cas de besoin ou de difficulté".
Les chiites représentent environ 15% de la population et militent pour obtenir une législation dérogatoire de celle de la majorité sunnite.