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"Moubarak libre, Morsi en prison, El-Baradei à Vienne, retour à 2010"

Un tribunal a ordonné mercredi la remise en liberté conditionnelle de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak, emprisonné depuis sa chute en février 2011. Une libération qui risque d'accentuer les divisions entre les révolutionnaires.

Mercredi 21 août, le tribunal a accepté la libération conditionnelle d'Hosni Moubarak. Le parquet a indiqué qu'il ne pouvait pas faire appel. L’ancien président égyptien pourrait donc être libéré dès jeudi, selon son avocat. "Légalement, cette décision est justifiée puisque l’ancien président a dépassé la période maximale de détention préventive qui est de deux ans", explique Sonia Dridi, la correspondante de FRANCE 24 au Caire. Selon le bureau du Premier ministre, l'ancien raïs sera toutefois placé en résidence surveillée.

Hosni Moubarak devra de surcroît se présenter au tribunal pour être rejugé pour l’affaire de meurtres de manifestants pendant la révolution de 2011. La nouvelle audience doit avoir lieu dès dimanche, jour même où le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, doit lui aussi être jugé concernant l’incitation au meurtre de manifestants anti-Morsi. Ironie du sort, les deux hommes sont détenus dans la même prison de Tora, au Caire. Quant au président déchu Mohamed Morsi, il est lui détenu au secret depuis le 3 juillet. Avec la sortie de prison prochaine d'Hosni Moubarak, un tweet moqueur était très partagé sur le site de microblogging à ce sujet mercredi : "Moubarak libre, Morsi en prison, El-Baradei* à Vienne, retour en 2010."

"La lutte contre les Frères, la priorité absolue"

Sur Facebook, un groupe "Moubarak 2014" a également été créé. Certains Égyptiens voient déjà l’ancien raïs candidat à la prochaine élection présidentielle. Sans aller jusque-là, "une partie de la population n’est pas opposée à sa libération", assure Sonia Dridi. "Aujourd’hui, beaucoup sont concentrés sur la lutte contre les Frères musulmans. Pour certains, c’est la priorité absolue", explique la journaliste.

L’armée peut compter sur le soutien du mouvement Tamarrod, à l’origine de la contestation anti-Morsi, qui est opposé à la libération d'Hosni Moubarak mais rejette la faute sur Mohamed Morsi qui, selon lui, n’a pas réussi à mettre en place une justice transitionnelle. Par contre, "l’armée risque de se mettre à dos de nombreux révolutionnaires pour qui [cette décision de justice] est tout simplement un signe de la contre-révolution. (…) On peut même s’attendre à de prochaines manifestations contre les autorités en place, en particulier contre l’armée, explique notre correspondante. En tout cas, cette libération va sans doute accentuer les divisions au sein des révolutionnaires qui sont de plus en plus mal à l’aise avec les récents événements".

* Mohamed El-Baradei, vice-président chargé des relations internationales dans le gouvernement de transition, a démisionné le 14 août pour protester contre la répression sanglante des Frères musulmans. Avant de rentrer en Égypte, il avait longuement vécu à Vienne où il était directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).  

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Ce qu'en disent les Égyptiens
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