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Après Guantanamo, la Californie gave de force ses détenus en grève de la faim

En Californie, des prisonniers observent une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention. La justice a décidé que les détenus devaient être nourris de force. Une méthode déjà utilisée à Guantanamo.

À l'instar de Guantanamo, les prisons californiennes peuvent depuis le 19 août forcer les prisonniers en grève de la faim à s’alimenter. Cette décision, rendue par un juge fédéral, intervient alors que depuis le 8 juillet des dizaines de prisonniers n’ont ingurgité que de l’eau et quelques vitamines. Au plus fort du mouvement, ils étaient plusieurs milliers à travers les prisons californiennes à refuser de manger pour attirer l’attention sur leurs conditions d’incarcération et notamment celles des leaders de gang, mis en cellules d’isolation.

Selon le Dr Steven Tharratt, directeur des services médicaux des prisons de l’État de Californie, l’alimentation de force est une question de vie ou de mort. "Les grévistes de la faim qui ont le plus suivi le mouvement vont atteindre la phase critique [60 à 70 jours sans repas significatif] d’ici deux semaines. Ils risquent d’ores et déjà des dommages irréversibles au niveau de leurs reins", affirme-t-il. En outre, selon le médecin, sous ce régime les prisonniers finissent par perdre pied avec la réalité et ne sont plus capables de prendre des décisions censées les concernant.

Méthodes similaires à Guantanamo

Mais les associations militantes pour les droits de l’Homme crient au scandale et dénoncent des méthodes dignes de celles employées à Guantanamo où des prisonniers se sont vus gavés de force à l’aide de sondes naso-gastriques introduites dans une narine. Depuis le 6 février, la prison américaine implantée à Cuba est le théâtre d’un mouvement de grève de la faim visant à dénoncer le maintien en détention depuis plus d’une décennie de personnes sans inculpation ni procès, ont expliqué les avocats des détenus. Au plus fort de la grève, en juin, le mouvement était suivi par 108 prisonniers sur les 166.

Me Dr Steven Tharratt tient, pour sa part, à balayer les critiques en affirmant que les méthodes qu’il compte employer sont loin de celles de Guantanamo. Il s’agirait simplement d’une poche de nutriments à passer en intraveineuse aux détenus inconscients.

Activistes des droits de l’Homme et avocats des détenus martèlent toutefois que le gavage de force viole les lois internationales et demandent à ce que des négociations sur les conditions de détention soient ouvertes afin de faire cesser les grèves de la faim à Guantanamo mais aussi dans les prisons de Californie.