Au lendemain d'un nouveau règlement de comptes mortel, le Premier ministre s'est rendu à Marseille mardi. Accompagné de cinq ministres, il a annoncé l'envoi de 24 policiers de police judiciaire et d'une compagnie de CRS dans la ville.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s’est engagé mardi 20 août à enrayer la spirale de la violence qui sévit à Marseille. En visite dans la cité phocéenne avec cinq de ses ministres au lendemain d'un nouveau règlement de comptes mortel, il a annoncé des renforts policiers. "J'ai décidé d'affecter à Marseille 24 policiers supplémentaires à la police judiciaire pour faire de l'enquête, de l'investigation, trouver les coupables et les remettre à la justice", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse."Dès demain [mercredi], une compagnie de CRS supplémentaire sera présente", a-t-il ajouté.
Un peu plus tôt, Jean-Marc Ayrault avait assuré que le gouvernement était "engagé avec détermination pour faire reculer la violence" dans la ville, qui a accueilli 230 hommes supplémentaires depuis le comité interministériel du 6 septembre 2012. "Le travail est en train de payer, mais il ne faut pas baisser la garde", a estimé le Premier ministre, alors que la situation sécuritaire à Marseille, sur fond de campagne municipale, attise les oppositions politiques, y compris au sein du Parti socialiste.
"Aller au cœur des trafics"
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui s'illustre sur tous les fronts depuis le début de l'été, a été le premier à annoncer son déplacement dans la ville. Ce n'est que plus tard dans la matinée que Jean-Marc Ayrault a à son tour fait savoir qu'il s'y rendrait, manière semble-t-il de reprendre en main le dossier. Il était accompagné de plusieurs autres ministres, au premier rang desquels la garde des Sceaux Christiane Taubira, ainsi que Marisol Touraine (Affaires sociales), Cécile Duflot (Logement), et la Marseillaise Marie-Arlette Carlotti (Handicap et exclusion). Tous ont notamment rencontré le personnel de l'hôpital de la Conception où un infirmier a été blessé d'un coup de couteau dimanche par l'un des agresseurs présumés d'un jeune homme tué en plein centre-ville.
Mardi matin sur BFM, Manuel Valls avait déjà promis "des moyens supplémentaires à la police judiciaire", pour "aller au cœur de ces trafics" de drogue qui gangrènent la ville. Les réactions politiques locales n'ont pas traîné, chacun avançant des arguments rodés depuis longtemps, et encore fraîchement évoqués après le meurtre d'un étudiant de 22 ans égorgé en plein centre de Marseille le 9 août, à deux pas du commissariat central, et celui dimanche d'un adolescent de 18 ans tué à coups de couteau près du Vieux-Port et dont l'un des agresseurs présumés a ensuite blessé légèrement un infirmier des urgences. Ce qui porte à 13 le nombre de meurtres dans des règlements de comptes depuis le début de l'année.
Au premier semestre, 187 personnes ont été arrêtées dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants, dont 95 écrouées. Par ailleurs, 1,6 tonne de cannabis et 48 kilos de cocaïne ont été saisis, ainsi que 240 armes à feu. Concernant la délinquance traditionnelle, les atteintes aux personnes ont reculé de 13,6%, celles aux biens de 8,8%, les vols avec violence de 17,9% et cambriolages de 19,4%.
Avec dépêches