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Procès Manning : le gouvernement requiert au moins 60 ans de prison

Le procureur a requis lundi une peine minimum de 60 ans de prison à l'encontre du jeune soldat Bradley Manning, qui a reconnu avoir transmis des documents confidentiels au site Wikileaks. Une peine qui doit servir d'exemple, selon le magistrat.

"Pas moins de 60 ans de prison", c’est ce qu’a requis le gouvernement américain lundi 19 août à l'encontre de Bradley Manning, accusé d'être à l'origine de la divulgation d'informations confidentielles dans le cadre de l'affaire WikiLeaks.

Une peine qui a valeur d’exemple. Le procureur militaire Joe Morrow a demandé à la juge Denise Lind "d'envoyer un message à tous les soldats qui envisageraient de voler des informations classifiées", en envoyant le jeune Américain pendant six décennies derrière les barreaux et en lui infligeant une peine de 100 000 dollars d'amende.

"Pourrir en prison"

"Nous devons nous assurer que nous ne verrons plus jamais un tel cirque", a souligné le procureur, convaincu que la "trahison" du soldat, un "initié déterminé à exploiter les failles d'un système imparfait", avait durablement endommagé les relations diplomatiques des États-Unis.

Le soldat de première classe de l'US Army a reconnu avoir transmis quelque 700 000 documents confidentiels au site internet WikiLeaks, qui les a publiés en 2010. Manning a plaidé coupable pour une dizaine de charges, qui lui valent d'encourir un minimum de 20 ans de prison, mais la juge Denise Lind l'a reconnu coupable en outre de faits d'espionnage et de fraude. Il a lui-même regretté la semaine dernière "avoir fait du mal aux gens et aux États-Unis".

"Le gouvernement veut qu'il pourrisse en prison", a fustigé de son côté son avocat David Coombs, remarquant que l'accusation "ne s'intéressait qu'à la punition" et non à la réinsertion d'un accusé "jeune", "humaniste", "très intelligent", "naïf certainement, mais bien intentionné".

Son avocat plaide la naïveté

"À ce moment-là, il croyait vraiment et sincèrement que ces informations feraient la différence, et il ne pensait pas qu'elles nuiraient aux États-Unis", a plaidé l'avocat civil. "Il pensait profondément que cela pourrait mettre un terme aux guerres en Irak et en Afghanistan, aussi naïve que puisse être sa position, elle était sincère".

Considérant sa "jeunesse", sa "santé émotionnelle" et "la pureté de ses intentions", l'avocat a demandé à la juge Lind de punir son client, certes, mais d'une peine qui lui donne la "possibilité de vivre [...] peut-être de trouver l'amour, de se marier, d'avoir des enfants et de regarder ses enfants grandir".

Tandis que l'avocat s'est efforcé de convaincre que "l'impact à long terme" de la fuite était limité et que "de nombreux pays l'avait déjà oubliée", le procureur militaire a insisté sur le côté "destructeur" du comportement du soldat, qui avait choisi "sciemment" d'être analyste du renseignement en Irak et avait "abusé de sa position de confiance".

"Aucune excuse", selon le procureur

"Quand on trahit son pays, on ne mérite pas la clémence d'un tribunal", a-t-il estimé dans cet ultime réquisitoire, "il n'y a aucune excuse". Le procureur a balayé toutes les circonstances atténuantes concernant la fragilité mentale, l'enfance difficile et les troubles d'identité sexuelle de Manning.

Après deux mois et demi de procès en cour martiale, la juge Denise Lind se retirera pour délibérer mardi en fin de matinée.

Avec dépêches