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Cambriolage au Louvre : les musées face à la convoitise grandissante de leurs trésors
Les musées, souvent moins sécurisés que les banques malgré leurs précieux trésors d'orfèvrerie, sont aujourd’hui la cible de groupes criminels. Le Louvre a été visé, dimanche, avec le vol de joyaux d’une "valeur inestimable".
Des touristes se bousculent pour apercevoir et photographier le tableau de Léonard de Vinci, La Joconde, au musée du Louvre à Paris, en France, le 8 août 2024. © Manish Swarup, AP

Le cambriolage survenu au Louvre, dimanche 19 octobre, révèle la vulnérabilité des musées face aux groupes criminels, capables de s'attaquer au musée le plus visité au monde et de voler huit joyaux d'une "valeur inestimable".

Peu avant l'ouverture du musée, aux alentours de 9 h 30, trois ou quatre cambrioleurs se sont introduits au Louvre en découpant une vitre à la disqueuse depuis une nacelle à l'extérieur. Ils se sont rendus dans la galerie d'Apollon, abritant la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, où ils ont volé plusieurs objets. Le tout en sept minutes.

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Cambriolage au Louvre : les musées face à la convoitise grandissante de leurs trésors
Des bijoux "inestimables" dérobés au Louvre lors d’un cambriolage spectaculaire © FR24
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Un mois plus tôt, des voleurs s'étaient introduits durant la nuit au Muséum d'histoire naturelle à Paris en forçant une porte de secours à l'aide d'une disqueuse, puis une vitrine blindée avec un chalumeau pour emporter 6 kg de pépites d'or.

Début octobre, l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), expliquait à l'AFP : "Les musées sont de plus en plus ciblés au titre des valeurs et œuvres très importantes qu'ils détiennent".

"Les opportunités pour les groupes criminels organisés soit visent les œuvres pour leur valeur intrinsèque, soit pour leur matière première et, notamment, l'or qui peut être fondu et revendu sans identification de l'œuvre volée", poursuit l'office.

L'or, une matière première convoitée

Les objets composés d'or, "une valeur refuge qui ne cesse d'augmenter ces dernières années", "sont particulièrement exposés, d'autant que la sécurité" d'un musée "n'égale pas" celle "d'un établissement bancaire", souligne l'OCBC. En outre, "les groupes criminels n'hésitent pas à avoir recours à des modes opératoires violents, passant par des recrutements de mercenaires sur des messageries cryptées".

Le 21 novembre 2024, le musée de Hiéron à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) a été braqué pour des figurines en or estimées à 5 millions d'euros. Sept personnes ont été interpellées, dont l'une a reconnu avoir été recrutée comme chauffeur sur Telegram pour 5 000 euros. Les sculptures en or n'ont pas été retrouvées.

"Les vols dans les musées restent quand même limités, environ une vingtaine par an", ce qui est "relativement faible par rapport au nombre de musées" (1 200 ont l'appellation "musée de France"), tempérait le colonel Jean-Baptiste Félicité, à la tête de l'OCBC depuis août, dans un entretien à l'AFP début octobre.

D'après les chiffres de l'office, en 2011, il y a eu 24 vols dans les musées, contre un pic de 31 cambriolages en 2015. Seuls 9 ont été comptabilisés en 2023, mais 21 en 2024.

Des objets "invendables en l'état"

Même si les pièces dérobées sont peu nombreuses, que deviennent-elles et à qui profitent-elles ?

"C'est très variable, difficile de tirer des règles", estime le colonel Félicité. "Il y a eu des voleurs de tableaux en série qui n'en faisaient rien, qui les laissaient chez eux... Il peut y avoir des vols à la commande, des gens qui volent en opportunité puis après n'arrivent pas à écouler, tous les schémas existent".

"Sur des objets d'orfèvrerie, il faut se poser la question si c'est volé pour être vendu sur un marché spécialisé, ou si c'est pour le métal précieux qui serait contenu dans les œuvres", ajoute le patron de l'OCBC, qui administre une base recensant 97 000 objets "dans la nature".

"Notre objectif est de diffuser l'information du vol de manière à ce que l'objet ne soit pas vendable sur le marché légal, entre guillemets, puisque les maisons de vente doivent vérifier un peu la traçabilité des objets. Mais il peut rester effectivement dans des ventes entre particuliers", relève-t-il.

Interrogé dimanche sur LCI, le président de la maison de vente aux enchères Drouot Patrimoine, Alexandre Giquello, a "un peu de mal à croire à une commande" concernant le vol au Louvre, les objets étant "totalement invendables en l'état".

"Dans cette opération, la partie la plus compliquée n'est pas le vol, mais le recel", relève-t-il.

De son côté, le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, a évoqué sur France Inter "une équipe chevronnée", "éventuellement" connue des forces de police pour avoir "déjà commis d'autres actions de cette nature".

La France, premier pays européen sur le marché de l'art depuis le Brexit, n'est pas la seule concernée par les vols dans les musées.

Les Pays-Bas ont connu plusieurs cambriolages, dont celui en janvier du musée régional de Drenthe, où ont été volés une couronne royale du royaume de Dace et des bracelets, tous ces objets en or, durant la nuit, par plusieurs hommes munis d'explosifs. Trois personnes ont été interpellées, mais le trésor reste introuvable.

Avec AFP